La « Une » des journaux africains du jeudi 3 avril 2025 - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Emmanuel | Publié le 03/04/2025 10:04:23

La « Une » des journaux africains du jeudi 3 avril 2025

Après plus de dix heures de débats intenses, marqués par des tensions et une vive émotion lors de l’évocation des victimes, l’Assemblée nationale a adopté, hier, la loi portant interprétation de la loi d’amnistie. Ce texte, attendu par une grande partie des victimes, des détenus et de la majorité parlementaire, a été voté par 126 députés sur 146.

Entre 2021 et 2024, le Sénégal a été secoué par des manifestations politiques violentes, principalement dirigées contre les décisions du gouvernement de l’époque. La répression de ces mouvements de protestation a fait au moins 65 morts et des centaines de blessés. Les forces de l’ordre, appuyées par des hommes armés en civil, ont été accusées d’avoir réprimé les contestations avec une extrême brutalité, laissant un profond traumatisme dans le pays.

La loi d’amnistie, adoptée en mars 2023 sous la présidence de Macky Sall, visait à apaiser les tensions en mettant fin aux poursuites pour les crimes et délits commis durant cette période. Si certains y ont vu une mesure nécessaire pour pacifier le pays, elle a rapidement suscité des critiques. Des défenseurs des droits humains et des organisations de la société civile ont dénoncé le risque d’une impunité généralisée pour les auteurs des violences.

Dès son arrivée au pouvoir, le nouveau président Bassirou Diomaye Faye avait promis de revenir sur cette loi, afin que « toute la lumière soit faite et les responsabilités établies, de quelque bord qu’elles se situent », comme l’avait déclaré le Premier ministre Ousmane Sonko devant les députés en décembre dernier.

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Finalement, c’est une proposition de loi interprétative qui a été adoptée hier. Ce texte, comme le précise Dakar Matin, exclut explicitement de l’amnistie les infractions criminelles ou correctionnelles telles que la torture, les actes de barbarie, les meurtres, les assassinats, les disparitions forcées et l’utilisation de nervis armés.

« Tous ceux responsables d’assassinats, de tortures ou de meurtres, quel que soit leur appartenance politique, ne bénéficieront jamais de l’amnistie », a insisté Amadou Ba, auteur de la proposition.

« L’ancien régime au poteau », titre en une Walf Quotidien, estimant que le Pastef, parti au pouvoir, « fait le procès de Macky Sall et de son régime ». Dans le même temps, l’opposition dénonce une manœuvre politique.

Pour de nombreuses organisations de la société civile, cette révision ne répond pas aux attentes des Sénégalais. « Elle semble davantage protéger les militants du Pastef qu’elle ne rend justice aux victimes », analyse Afrik.com. Des mouvements comme Y’en a marre réclament l’abrogation pure et simple de la loi, dénonçant une instrumentalisation politique.

Le Quotidien de Dakar soulève une autre inquiétude : « Cette loi interprétative ne garantit pas que justice soit pleinement rendue, car elle paraît exonérer les émeutiers de leurs responsabilités tout en ciblant principalement les forces de sécurité. »

Le journal s’indigne : « Ceux qui ont brûlé des bus, saccagé des grandes surfaces, attaqué la Sonatel, incendié l’université Cheikh Anta Diop ou pillé des commerces et banques pourront se réfugier derrière une motivation politique pour échapper à la Justice. Et les victimes ? Elles n’auront que leurs yeux pour pleurer. Le soutien de l’État ? Elles devront s’en passer. »

L’Observateur Paalga, au Burkina Faso, apporte un regard extérieur : « Le problème est que si les auteurs de crimes graves peuvent être poursuivis, ceux responsables de dégâts matériels restent amnistiés. Certains craignent que cette révision ne serve surtout à protéger les militants du parti au pouvoir. Comme si l’histoire se répétait : cette fois, c’est la contestation qui a changé de camp. »

Alors que le Sénégal tente de tourner la page des violences politiques, le débat sur la justice et l’équité reste plus que jamais d’actualité.

Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 03/04/2025

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