Depuis les indépendances, le Sénégal a vu se succéder plusieurs régimes qui ont tous promis de révolutionner l’agriculture et d’assurer l’autosuffisance alimentaire. Pourtant, le constat reste amer : des échecs répétés, une absence de vision claire et une jeunesse toujours peu impliquée dans un secteur pourtant vital. L’exemple de l’autosuffisance en riz promise en 2015 illustre parfaitement cette désillusion.
Malgré les milliards injectés dans des programmes comme le PRACAS et le PNAR, les objectifs n’ont jamais été atteints. Pire encore, aucune évaluation rigoureuse de ces initiatives n’a été menée, et les responsabilités ne sont jamais situées. Pendant ce temps, les paysans continuent de recevoir du matériel de mauvaise qualité, sans service après-vente, les laissant démunis face aux difficultés du terrain.
Aujourd’hui, avec l’élection de Bassirou Diomaye Faye, une nouvelle opportunité se présente. Toutefois, après une année au pouvoir, le taux de chômage des jeunes reste alarmant, et l’agriculture n’a toujours pas connu la réforme profonde nécessaire. C’est pourquoi il est urgent de mettre en place des assises nationales sur l’agriculture et l’emploi des jeunes, en impliquant tous les acteurs concernés.
Le mouvement PROGRES propose le programme « SÉNÉGAL AGRICOLE », une initiative qui devrait débuter dès la campagne de l’hivernage 2025. Ce programme vise à mobiliser tous les citoyens, des enseignants aux entrepreneurs, pour redonner à l’agriculture une place centrale dans l’économie nationale. Pour réussir, il faudra développer les chaînes de valeur agricoles en fonction des spécificités de chaque zone agro-écologique, tout en renforçant les infrastructures et la transformation des produits.
L’accès aux facteurs de production est un préalable essentiel. La gestion de l’eau et de l’énergie doit être réformée pour permettre une production durable. La construction de bassins de collecte, l’irrigation moderne et l’utilisation de l’énergie solaire sont autant de solutions qui peuvent accroître la productivité agricole. Le foncier doit également être protégé pour garantir aux populations rurales un accès prioritaire à leurs terres.
L’organisation et l’accroissement des financements sont cruciaux. Il est temps de restructurer le système de crédit agricole pour le rendre accessible aux petits producteurs. En intégrant les banques et les fonds d’investissement, l’état doit garantir un financement sécurisé et adapté aux besoins des agriculteurs. La CNAAS (Compagnie Nationale d’Assurance Agricole du Sénégal) doit être renforcée pour protéger les agriculteurs contre les aléas climatiques et économiques.
Enfin, la modernisation des équipements et infrastructures agricoles est une priorité. L’état doit investir dans la recherche, la formation et la revalorisation des structures agricoles déjà en place. La création de hubs agricoles et la mise en place d’un dispositif de suivi et d’évaluation permettront d’assurer une transformation durable du secteur.
Pour que cette révolution agricole ait lieu, il faut aussi changer la perception de l’agriculture chez les jeunes. Il est temps de rendre ce secteur « attrayant » en y intégrant les technologies modernes et en le positionnant comme un domaine porteur d’avenir.
Le Sénégal a tous les atouts pour devenir une puissance agricole en Afrique de l’Ouest. Mais cela ne sera possible que si l’agriculture cesse d’être un simple argument électoral et devient une priorité réelle, soutenue par des actions concrètes et une volonté politique forte. Il est temps d’agir.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Adama Gaye.
Mis en ligne : 06/04/2025
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