Kemi Seba, activiste panafricaniste connu pour ses positions tranchées, relance une fois de plus le débat sur la souveraineté monétaire en Afrique. À travers sa déclaration : « Aucun développement réel de nos pays ne peut s’opérer sans souveraineté politique. Et aucune souveraineté politique ne peut exister sans avoir obtenu au préalable une souveraineté monétaire », il remet au goût du jour une vérité trop souvent étouffée sous le tapis des relations néocoloniales.
Cette affirmation peut déranger, mais elle a le mérite d’être claire. L’Afrique, et plus particulièrement les pays de la zone CFA, restent englués dans un système hérité de la colonisation, où la monnaie, ce levier fondamental d’indépendance, est encore largement contrôlée de l’extérieur. Le franc CFA, malgré les réformes cosmétiques annoncées avec la future « monnaie Éco », conserve son ancrage dans des mécanismes décidés à Paris et validés par les élites africaines coopérantes.
Comment parler de souveraineté politique quand une décision aussi cruciale que l’émission de la monnaie nationale dépend toujours d’une banque centrale étrangère ? Comment impulser une politique économique audacieuse quand les marges de manœuvre monétaires sont quasi inexistantes ? L’histoire récente nous montre que les pays qui ont pu s’extraire de la tutelle financière étrangère ont pu envisager des modèles de développement endogènes, adaptés à leurs réalités.
La campagne relancée par Kemi Seba contre le franc CFA et sa version « Éco Macron-Ouattara-Talon » n’est donc pas une lubie idéologique. Elle interroge sur notre capacité à sortir d’un système de dépendance et à bâtir une économie réellement au service des peuples africains. Il ne s’agit pas uniquement de changer de nom ou de billet, mais de modifier profondément les règles du jeu.
Cela dit, l’alternative ne sera pas facile. Rompre avec le CFA nécessite du courage politique, de la pédagogie auprès des populations, mais surtout une volonté continentale. Ce projet ne peut être porté par un seul homme ni un seul pays. Il exige une vision commune, des institutions fortes et la mise en place d’un système monétaire africain, pensé par les Africains pour les Africains.
Le débat est ouvert. Mais une chose est certaine : sans souveraineté monétaire, la souveraineté politique reste un mirage. Et sans souveraineté politique, le développement reste un rêve inaccessible.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Eve Sagna.
Mis en ligne : 08/04/2025
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