La presse congolaise est largement revenue ce week-end sur les inondations qui ont endeuillé la capitale, causant la mort de 43 personnes. À la Une du trihebdomadaire Ouragan, un titre évocateur : « Après la décrue, les morts, les pleurs et la désolation ».
Le journal décrit une scène de désastre familière. Des quartiers entiers, situés en bordure de la rivière Ndjili, ont été submergés. Mais au-delà de la catastrophe naturelle, Ouragan pointe un échec politique : « Cela a un air de déjà-vu », écrit-il, regrettant l’inaction des autorités alors que la menace était visible depuis des jours.
« L’autorité a failli. Le torrent a mis à nu l’échec d’une gouvernance à tâtons », accuse le journal. Il déplore une gestion publique marquée par « l’impunité, le copinage, une obéissance aveugle aux partis » et conclut amèrement : « Finalement, personne ne rendra de comptes, comme si la ville était sans direction ».
De son côté, Congo Nouveau titre sans détour : « L’État en faillite ». Le journal critique sévèrement le gouverneur de Kinshasa qui impute la responsabilité aux populations vivant sur des sites qualifiés d’anarchiques. Mais les habitants, eux, exhibent des documents officiels délivrés par les ministères des Affaires foncières et de l’Urbanisme.
« Plutôt que de remettre en question le système qui permet ces occupations illégales, le gouverneur s’attaque aux plus faibles », note Congo Nouveau. Et de poser des questions essentielles : « Qui doit garantir que ces zones restent inconstructibles ? Qui est chargé du curage régulier des rivières ? »
Pour Infos 27, Kinshasa paie une nouvelle fois le prix d’une gestion urbaine défaillante. Le journal refuse de qualifier la catastrophe de « surprise », affirmant que la capitale vit « au rythme de tragédies annoncées ». Selon lui, ce drame était évitable : « Les défaillances sont connues, les zones à risque identifiées, les alertes répétées… mais rien ne change ».
L’autre sujet qui fait grand bruit concerne l’ancien président Joseph Kabila. Selon Econews, son retour annoncé via l’Est du pays suscite de vives réactions. Alors que les négociations entre Kinshasa et le groupe rebelle AFC/M23 se poursuivent à Doha, cette annonce ravive les soupçons sur d’éventuels liens entre Kabila et les groupes armés.
Le flou entourant son itinéraire – entrera-t-il par une zone sous contrôle gouvernemental ou rebelle ? – alimente les spéculations. Econews estime que cette déclaration, savamment orchestrée, plonge la capitale dans un climat de méfiance : « Le pouvoir en place y voit une tentative de déstabilisation, tandis que l’opinion oscille entre inquiétude et indifférence ».
Le quotidien pose la question qui divise : « Revient-il pour sauver l’Est ou pour bouleverser l’ordre établi ? ». Pour Forum des As, l’ancien chef d’État reste un personnage « énigmatique » qui « jette un pavé dans la mare ».
Enfin, Africanews s’est intéressé aux pourparlers de paix qui se tiennent actuellement à Doha. Le trihebdomadaire souligne que les discussions entre le gouvernement congolais et la coalition AFC/M23 piétinent.
La coalition rebelle exige, comme condition préalable, l’annulation d’une résolution votée par l’Assemblée nationale interdisant l’intégration des groupes armés dans les forces de défense. De son côté, Kinshasa maintient une position ferme : aucun dialogue ne sera possible sans le retrait des rebelles des territoires et villes occupés.
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 12/04/2025
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