Arrière de l’équipe d’Orléans Loiret Basket, Mérédis Houmounou, 36 ans, est l’un des piliers du club. Le Congolais d’origine a choisi de s’engager pour le pays de ses parents et celui de son épouse, en créant une association dédiée à l’amélioration de la gestion des déchets à Kinshasa. Il tente également de sensibiliser sur la situation humanitaire en République démocratique du Congo.
Depuis le début de l’année 2025, Mérédis Houmounou débute chaque match de la même façon. Alors que résonne l’hymne de la Ligue nationale de basket (LNB), il porte une main à sa bouche et deux doigts sur sa tempe.
« J’ai commencé à le faire suite à l’avancée du M23 vers la ville de Goma, à l’est de la République démocratique du Congo. C’est un geste qui avait déjà été fait par l’équipe de foot de RDC ou des artistes », explique le basketteur d’Orléans.
« Ça m’a beaucoup attristé parce que beaucoup de gens sont morts et beaucoup ont été déplacés. C’est une manière de poser un regard sur ce qu’il se passe là-bas. Ça fait quand même des années qu’il y a des exactions dans cette partie du monde. Quand je fais ce geste, c’est pour alerter », poursuit le sportif de 36 ans.
Né à Nancy (Meurthe-et-Moselle), en Lorraine, de parents originaires du Congo-Brazzaville et marié à une Congolaise de Kinshasa, Mérédis Houmounou se sent particulièrement concerné par cette crise humanitaire. Alors que le conflit dans l’est de la RDC s’est intensifié ces derniers mois avec l’offensive éclair du groupe armé M23, soutenu par des troupes rwandaises, il veut sensibiliser le plus grand nombre.
« Pendant plusieurs jours, je n’ai pas beaucoup dormi. J’ai senti le besoin de m’exprimer d’une manière sobre. Mon moyen d’expression, c’est le terrain, donc j’ai décidé de faire ce geste qui veut dire “Silence, on tue dans mon pays”. Je continuerai de le faire jusqu’à la fin de la saison ».
Même s’il n’a pas eu de retour particulier de la LNB, le joueur se sent soutenu par son club, ses coéquipiers et le public.
« Beaucoup de gens sont venus me voir pour me poser des questions. C’est toujours très positif », confie le double champion de France de Pro B avec JL Bourg et SLUC Nancy.
Mais l’engagement de Mérédis Houmounou dépasse largement les parquets. L’an dernier, il a fondé l’association Sikalobi pour améliorer la gestion des déchets à Kinshasa, la capitale de la RDC.
« C’est la jonction de deux mots en lingala : “sika” qui veut dire nouveau et “lobi” qui signifie demain. On veut essayer de mettre en place un nouveau lendemain pour que les gens puissent aussi se prendre en main », explique-t-il.
Concrètement, l’objectif est de faire de la prévention dans une ville de 12 millions d’habitants qui produit près de 7 800 tonnes de déchets solides chaque jour.
« Suite à mes différents voyages au Congo, j’ai vu que la situation au niveau des déchets sauvages s’accumulait et que la gestion était désastreuse. Ce qui pose énormément de problèmes à la population », témoigne-t-il.
Avec l’organisation néerlandaise Happy Green World, il a conçu un livret éducatif destiné aux plus jeunes.
« Il permet de suivre l’histoire de deux enfants qui partent nettoyer au quotidien dans la ville de Kinshasa. Si on peut les sensibiliser très tôt, alors ils auront des comportements différents par la suite ».
Sur le terrain, Sikalobi organise également des « marches vertes » avec des jeunes de certains quartiers pour rendre propres les rues de celle que l’on surnomme désormais « Kin la poubelle », bien loin de l’ancienne « Kin la belle ».
« C’est la plus grande métropole francophone du monde. On ne va pas pouvoir nettoyer tout Kinshasa, mais on peut impulser un changement ».
L’ambition à long terme est de créer un centre de tri dans la capitale congolaise, où aucun système centralisé de collecte des déchets n’existe actuellement.
« Nous avons fait beaucoup de recherches pour savoir ce qui serait économiquement viable et autosuffisant. Nous avons fait appel à des rudologues qui nous ont expliqué comment mettre en place des choses », détaille l’athlète.
Mais ce projet se heurte à des obstacles de taille.
« Quand on parle de déchets en Afrique, ça ne fait rêver personne. Aucun investisseur ne pense que cela peut rapporter. Il faut donc changer les mentalités ».
En attendant, Mérédis Houmounou tente de collecter un maximum de fonds, avec le soutien de son club, qui l’a mis en relation avec ses principaux sponsors.
« On va également lancer un crowdfunding rapidement », annonce l’arrière de l’OLB.
Toujours aussi actif, le basketteur se penche aussi sur la situation du Congo-Brazzaville. Alors que la sélection nationale de basket est absente des compétitions internationales depuis 2017 en raison d’un différend avec la FIBA, il tente de raviver la flamme.
« On a créé l’association Élite Basket Congo qui réunit tous les joueurs de la diaspora congolaise en Europe. On se retrouve et on fait des matches pour pouvoir faire en sorte de recréer une équipe nationale », raconte-t-il.
Même si sa carrière n’est pas encore terminée, Mérédis Houmounou n’a pas perdu de vue ses ambitions de jeunesse.
Enfant, il rêvait de devenir basketteur professionnel et de « faire quelque chose pour l’Afrique ». Deux rêves qu’il réalise pleinement aujourd’hui.
Article écrit par : Mariama Ba
Mis en ligne : 14/04/2025
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