Pendant trop longtemps, l’agriculture a été perçue comme une affaire de machines, de rendements, de chiffres froids alignés sur les écrans d’ingénieurs agricoles. Mais il est temps de rappeler une vérité fondamentale : cultiver la terre, c’est aussi cultiver notre avenir, notre dignité collective, notre souveraineté.
Derrière les drones, les semences hybrides et l’agriculture de précision se cache une réalité bien plus brute : des millions de paysans relégués au second plan, des sols asphyxiés par les intrants chimiques, des traditions écrasées sous le rouleau compresseur du productivisme. La terre n’est pas un laboratoire. C’est un patrimoine vivant qu’il faut défendre.
L’histoire nous a appris que la terre ne ment pas. Nos ancêtres, sans diplômes d’agronomie, ont su tirer le meilleur de leurs champs grâce à la jachère, à la rotation des cultures, à l’écoute des saisons et du vivant. Leur savoir n’était pas dépassé : il était enraciné, respectueux, durable. Puis sont arrivées les révolutions agricoles, souvent pensées loin des champs, au bénéfice de quelques-uns. L’augmentation des rendements s’est faite au prix de la fertilité naturelle des sols, de la santé des paysans, de la biodiversité.
Aujourd’hui, on nous parle d’intelligence artificielle, de serres high-tech, de robots semeurs. Très bien. Mais à qui profitent ces innovations ? Aux petits producteurs, qui luttent pour accéder à l’eau, aux semences, aux marchés ? Ou à une élite agro-industrielle qui accumule brevets et profits ? La modernisation agricole ne peut être un luxe réservé aux puissants. Elle doit être une arme au service de la justice sociale et environnementale.
Le défi climatique nous impose une rupture. Pas un ajustement. Une rupture. Car si l’on continue à cultiver comme hier, on court à la famine de demain. Les sécheresses, les inondations, la désertification ne sont pas des menaces abstraites. Elles sont déjà là, dans les campagnes du Sahel, dans les villages où la terre se craquelle et où les semis ne lèvent plus.
Face à cela, une seule voie : l’agroécologie populaire. Une agriculture qui respecte les sols, l’eau, les cycles naturels. Une agriculture qui remet l’humain au centre, qui écoute les paysans plutôt que de leur imposer des technologies hors-sol. Une agriculture qui crée des emplois dignes, nourrit les populations locales, et résiste à la spéculation foncière.
Cette révolution ne viendra pas des ministères ni des multinationales. Elle viendra d’en bas. Des coopératives paysannes. Des collectifs citoyens. Des jeunes qui retournent à la terre avec un projet de société, pas juste un business plan. Ce sont eux les véritables innovateurs. Ce sont eux qui préparent le monde d’après.
Il est temps de reprendre la terre. Pas seulement pour la cultiver, mais pour en faire un levier d’émancipation collective. Il est temps de dire non à l’agriculture déshumanisée, et oui à une agriculture enracinée, équitable, écologique et solidaire.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ahmadou Sow.
Mis en ligne : 17/04/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.