Le village de Gadiague, situé dans la région de Mbour, est en proie à une affaire judiciaire qui divise profondément ses habitants. S. Fall, un guérisseur traditionnel de 81 ans, polygame et père de 19 enfants, se retrouve sous le feu des projecteurs après avoir été accusé de viol par une jeune femme de 21 ans, souffrant d’épilepsie.
Cette accusation, qui a secoué la communauté, soulève de nombreuses questions sur les pratiques traditionnelles et la protection des personnes vulnérables.
Les faits remontent au mercredi 9 avril, lorsque Ndèye Ndiaye, une lycéenne sujette à des crises d’épilepsie, est conduite chez S. Fall, réputé pour ses soins aux malades nerveux. Selon les témoignages, le guérisseur aurait insisté pour garder la jeune fille dans sa chambre, justifiant cela par la nécessité d’une surveillance étroite pendant la nuit, afin de mieux gérer ses crises. Les parents, ainsi que les voisins, ayant une confiance totale dans la réputation du guérisseur, auraient donné leur consentement.
Cependant, dans la nuit, des cris provenant de la chambre du guérisseur ont attiré l’attention des quatre épouses de S. Fall, qui se seraient précipitées dans la pièce. Selon leurs témoignages, elles ont trouvé Ndèye Ndiaye en larmes, visiblement en état de choc. La jeune femme aurait alors affirmé aux enquêteurs : « Je me suis réveillée alors qu’il était sur moi », accusant S. Fall de l’avoir violée alors qu’elle était inconsciente.
Interpellé par la gendarmerie de Diourbel, S. Fall a formellement nié les accusations portées contre lui. Il affirme être impuissant depuis plus d’un an, en raison de problèmes de prostate, et a produit des documents médicaux pour corroborer ses dires. Malgré sa défense, le parquet a décidé de placer le guérisseur en détention provisoire à la maison d’arrêt de Mbour, en attendant les résultats de l’enquête.
Un examen gynécologique pratiqué dans le cadre de l’instruction a révélé que l’hymen de la victime était déjà rompu depuis longtemps. Toutefois, il a également mis en évidence des rapports sexuels récents, survenus dans les 48 heures précédant l’examen. Bien que cet élément soit crucial, il n’a pas permis d’identifier formellement l’auteur des faits.
À Gadiague, l’affaire fait l’objet de débats houleux. Certains dénoncent un abus de confiance, une exploitation de la vulnérabilité de la jeune femme par un homme en position de pouvoir. D’autres, cependant, continuent de défendre S. Fall, soulignant son rôle de guérisseur respecté dans la communauté, un homme de foi et de médecine qui a soigné des générations entières. La division est profonde, avec un écart croissant entre ceux qui appellent à la justice et ceux qui privilégient la préservation des traditions.
Les enquêtes sont en cours pour faire toute la lumière sur cette affaire complexe qui mêle enjeux médicaux, culturels et judiciaires. Elle met en évidence les risques liés à certaines pratiques traditionnelles, lorsque la protection des personnes vulnérables n’est pas suffisamment assurée. La suite de l’enquête déterminera si S. Fall sera inculpé ou s’il pourra, au contraire, être disculpé de ces accusations graves.
Article écrit par : Maimouna Ngaido
Mis en ligne : 17/04/2025
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