La cité SHS de Guédiawaye s’est réveillée, jeudi matin, sous le poids d’un drame d’une rare cruauté. El Hadji Diagne, 21 ans, a été froidement tué dans la nuit du mercredi, poignardé au cou par son propre cousin, P. Ndao, pour une dette de 30 000 FCFA.
Une dette dérisoire, mais aux conséquences tragiques. Deux familles liées par le sang sont aujourd’hui brisées, emportées dans la spirale d’un crime qui glace l’échine.
Le drame s’est noué aux abords du terrain de football Islam, non loin de la cité des enseignants, un lieu familier pour les jeunes du quartier. Revenu récemment de Touba, El Hadji Diagne venait à peine de retrouver les siens. Quelques heures avant sa mort, il avait demandé à son père 200 FCFA pour acheter du lait et du couscous. Un geste simple, devenu tragiquement symbolique.
Selon les premiers éléments de l’enquête, P. Ndao, originaire du quartier Saf Bar à Pikine, avait été informé du retour d’El Hadji par un ami commun. Il se rend alors à Guédiawaye, flanqué de quatre acolytes. Ils retrouvent El Hadji, seul, plongé dans l’obscurité, et l’attaquent. P. Ndao lui plante un couteau dans le cou. Le coup est fatal. Le groupe transporte ensuite le corps sans vie du jeune homme et l’abandonne dans un bâtiment en chantier.
Le mobile du meurtre ? Une dette contractée en décembre dernier. El Hadji devait 30 000 FCFA à son cousin. Malgré les liens familiaux profonds – les deux jeunes hommes ont grandi ensemble –, la rancune a lentement germé. Des proches affirment que P. Ndao, ces dernières semaines, multipliait les allers-retours à Guédiawaye, prenant régulièrement des nouvelles de son cousin. Il aurait même évoqué la dette avec le père d’El Hadji, qui lui avait promis un remboursement le vendredi suivant. Mais la vengeance, elle, n’a pas attendu.
Dans la maison endeuillée, la douleur est palpable. La mère d’El Hadji, submergée par l’émotion, peine à trouver les mots :
« C’est un petit-fils de notre khalife qui a tué mon fils. Son grand-père a élevé mes enfants après la mort de mon mari. Je suis la belle-sœur de sa mère. Sa sœur porte même mon nom. Ce drame nous dépasse… »
L’entrelacement des liens familiaux rend l’affaire d’autant plus incompréhensible. Ce n’est pas seulement un crime, c’est une trahison intime, une cassure brutale dans une relation que tous croyaient solide.
Autour du terrain de football, les visages sont fermés. Les jeunes du quartier, hébétés, errent entre la maison mortuaire et leur lieu de rassemblement. L’incrédulité le dispute à la colère. Comment une dette aussi modeste a-t-elle pu mener à une telle sauvagerie ?
À Guédiawaye, le temps semble suspendu. L’onde de choc de ce drame familial continue de se propager, laissant derrière elle une communauté sonnée, et une question obsédante : comment en est-on arrivé là ?
Article écrit par : Maimouna Ngaido
Mis en ligne : 18/04/2025
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