Jeudi 17 avril, trois magistrats ont pris la parole pour clarifier la démarche des autorités sénégalaises en matière de reddition des comptes. À travers cette communication, ils ont insisté sur leur volonté d’agir dans le respect de la légalité, tout en affirmant que leur but n’était nullement de « devenir des prédateurs ».
Devant la presse, les procureurs ont présenté le bilan des actions judiciaires engagées depuis septembre 2024, date marquant la mise en place du nouveau gouvernement dirigé par Ousmane Sonko. Selon El Hadji Alioune Abdoulaye Sylla, procureur au sein du Pool judiciaire financier (PJF), 262 personnes ont été interpellées dans le cadre de 292 affaires, avec environ 15 milliards de FCFA (près de 22,8 millions d’euros) déjà récupérés.
Par ailleurs, le procureur de Dakar, Ibrahima Ndoye, a fait état de l’audition récente de 27 personnes, dans le cadre d’une enquête distincte portant sur la gestion du fonds de 1 000 milliards de FCFA (environ 1,5 milliard d’euros) destiné à la lutte contre la pandémie de Covid-19, sous le mandat de l’ex-président Macky Sall. Sur les 27 mis en cause, 26 ont été relâchés sous caution et un seul est actuellement placé en garde à vue.
Les accusations retenues vont de la corruption au détournement de fonds publics, en passant par la concussion et l’escroquerie, selon le procureur général Mbacké Fall. Il a également révélé que cinq anciens ministres sont impliqués dans cette affaire. Leur sort dépendra d’une éventuelle mise en accusation par l’Assemblée nationale, seule habilitée à saisir la Haute Cour de justice.
Les opérations menées par la justice ont permis de saisir 92 véhicules, ainsi que treize titres fonciers répartis entre les régions de Thiès et Mbour, dont deux sont en passe d’être attribués à l’État.
Pour El Hadji Alioune Abdoulaye Sylla, la lutte contre la criminalité financière requiert patience et ténacité, du fait de la complexité des montages impliquant plusieurs individus souvent experts dans l’art de dissimuler les avoirs. Il a toutefois assuré que, malgré les obstacles, la protection des ressources publiques reste une priorité absolue.
Enfin, le procureur Ibrahima Ndoye a rappelé que toutes ces actions se déroulent dans le strict respect des droits des personnes mises en cause, en soulignant que la présomption d’innocence reste un principe fondamental.
Article écrit par : Aminata Gueye.
Mis en ligne : 19/04/2025
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