Chaque jour, près de 20 000 nouvelles chansons générées par intelligence artificielle sont téléchargées sur la plateforme Deezer. Ce chiffre donne le vertige. En quatre mois seulement, le volume a presque doublé. Aujourd’hui, près de 18 % du catalogue musical de Deezer n’est plus le fruit de l’inspiration humaine, mais le résultat froid de lignes de code.
Alors, faut-il applaudir cette prouesse technologique ou tirer la sonnette d’alarme ? Pour ceux qui croient encore que la musique est une affaire de tripes, de vécu, de douleur et d’amour, ce phénomène est tout simplement une gifle. Une gifle à l’art. Une gifle aux artistes.
La musique, ce n’est pas que du son. C’est de l’émotion. Une chanson, c’est une voix qui tremble, une parole griffonnée dans un moment de doute, une mélodie qui vous hante parce qu’elle parle de vous, de nous. Mais l’IA, elle, ne connaît ni le deuil, ni le manque, ni la beauté du silence après un chagrin. Elle imite, elle compile, elle optimise. Elle crée des « hits » calibrés pour plaire à l’algorithme… pas au cœur humain.
Et pendant ce temps, les artistes de chair et de sang crèvent la dalle. Combien de talents anonymes, de poètes maudits, de musiciens autodidactes n’arriveront jamais à percer, noyés sous le flot industriel de morceaux artificiels ? Quand une IA peut produire des milliers de chansons par jour pour presque rien, qui paiera encore pour un studio, une répétition, une tournée ?
Ce raz-de-marée algorithmique n’est pas neutre. Il redéfinit l’idée même de création. Il déshumanise l’art. Il transforme la musique en simple produit d’appel pour vendre des abonnements, capter du temps de cerveau disponible et alimenter des playlists sans âme.
Deezer et les autres plateformes ont une responsabilité. En laissant proliférer sans filtre la musique générée par IA, elles trahissent leur promesse initiale : mettre les artistes au centre, permettre à chacun de trouver sa voix, de la partager, de vivre de sa passion. Ce n’est plus une scène, c’est une usine.
Il ne s’agit pas de rejeter la technologie. Il s’agit de poser des limites. D’exiger de la transparence : qui a composé ce morceau ? Est-ce une personne ou une machine ? De garantir une place équitable aux créateurs humains. De rappeler que l’art n’est pas une donnée à optimiser, mais une expérience à vivre.
Car si demain, toutes les chansons sont écrites par des IA, qu’adviendra-t-il de la singularité, de l’imperfection, de l’âme ? À quoi bon écouter de la musique si elle ne nous parle plus de l’humain ?
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Oumar Barry.
Mis en ligne : 22/04/2025
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