Pendant plus d’un an, il a défié toutes les alarmes, tous les protocoles de sécurité et même les forces de l’ordre. Avec un casque de motard vissé sur la tête et un aplomb déroutant, un homme seul a réussi à délester la Sonatel de plus de 100 millions de francs CFA, exploitant les failles du système Orange Money à la perfection.
L’affaire, digne d’un scénario de thriller numérique, est révélée par L’Observateur. Le quotidien du Groupe futurs médias rapporte que le suspect, identifié comme P. I. Dieng, a monté une arnaque aussi simple qu’efficace : se présenter dans les points de service Orange Money, simuler un retrait conséquent, puis montrer un faux message de confirmation préenregistré sur son téléphone.
« C’est validé, regardez, j’ai reçu le message », lançait-il avec assurance, avant de suggérer un soi-disant « petit bug du système ».
Face à des agents souvent jeunes, débordés ou mal formés, le stratagème faisait mouche. Et pour parfaire son camouflage, le fraudeur opérait systématiquement avec un casque intégral, brouillant ainsi toute tentative d’identification par vidéosurveillance.
Ce qui choque le plus dans cette affaire, c’est sa durée. Les premières plaintes remontent à plus d’un an, selon L’Observateur. Malgré des signalements répétés de Sonatel, aucune arrestation n’avait été effectuée. Pire : Dieng continuait d’agir en toute impunité, déplaçant ses opérations de quartier en quartier, peaufinant sa méthode, et laissant derrière lui une traînée de pertes.
Pendant ce temps, Sonatel voyait s’évaporer des dizaines de millions sans parvenir à mettre un visage sur ce « fantôme numérique ».
Face à l’ampleur du préjudice et à l’échec des enquêtes classiques, le dossier est finalement confié à la Division de la cybercriminalité, dirigée par le commissaire Pape M. Djidiack Faye. Grâce à des outils d’investigation numérique avancés, les enquêteurs parviennent à reconstituer le puzzle. Filatures, traçages, croisements de données : la traque dure plusieurs semaines, jusqu’à l’arrestation de P. I. Dieng.
Une perquisition à son domicile va confirmer l’ampleur de la supercherie : des dizaines de cartes SIM, utilisées pour brouiller les pistes et alimenter ses escroqueries.
Interrogé sur l’usage des fonds volés, Dieng ne tente même pas de se justifier. Il reconnaît avoir dilapidé l’essentiel dans les jeux de hasard et les paris en ligne. Aucun investissement, aucune cachette d’argent : tout est parti en fumée, emporté par la spirale de l’addiction.
Placé en garde à vue, il a été déféré au parquet de Dakar, où il devra désormais répondre de ses actes. Pour Sonatel, l’heure est à l’évaluation des dégâts… et à une probable refonte des procédures de contrôle.
Un rappel brutal, s’il en fallait, que dans un monde de plus en plus digitalisé, les failles humaines restent les portes d’entrée les plus exploitées par les escrocs.
Article écrit par : Amadou Diop
Mis en ligne : 22/04/2025
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