On la retrouve dans les yaourts, les smoothies, les compléments alimentaires, et même dans les soins cosmétiques. La myrtille, ce petit fruit bleu au goût légèrement sucré et acidulé, a conquis les assiettes comme les discours nutritionnels.
Encensée pour ses vertus antioxydantes, elle est souvent présentée comme un « super-aliment ». Mais à force de la sacraliser, ne risque-t-on pas de passer à côté d’une lecture plus lucide de ses bienfaits et surtout de ses limites ?
Il serait malhonnête de nier que la myrtille regorge de qualités. Riche en vitamine C, en fibres et en anthocyanines, elle participe à la lutte contre le stress oxydatif et favoriserait la santé cardiovasculaire. Des études suggèrent aussi un effet bénéfique sur la mémoire et la vision. Autant d’arguments qui font d’elle une alliée précieuse dans une alimentation équilibrée. Mieux encore, elle est relativement faible en calories et convient à de nombreux régimes, y compris ceux à visée thérapeutique.
Mais c’est précisément cette avalanche de louanges qui doit nous rendre méfiants. Car le marketing s’en est emparé pour vendre un fruit devenu star, souvent hors de prix, parfois importé de très loin, cultivé intensivement, voire traité pour résister aux longs transports. Une myrtille bio cueillie à la main dans une forêt, ce n’est pas la même chose qu’un barquette emballée sous plastique en plein mois de février. La promesse de santé peut alors se transformer en illusion, surtout lorsqu’on ferme les yeux sur l’empreinte écologique du produit.
Et il y a plus préoccupant : certains adeptes de la santé naturelle placent la myrtille au rang de remède miracle, allant jusqu’à lui attribuer des vertus anticancéreuses ou détoxifiantes sans base scientifique solide. Cette hypervalorisation peut induire en erreur, détourner de traitements efficaces ou de conseils médicaux fiables, et alimenter un certain mythe du fruit sauveur.
Par ailleurs, consommée en excès notamment sous forme de jus industriels ou de suppléments – la myrtille peut causer des troubles digestifs. Sa richesse en fibres, bénéfique en quantité modérée, devient un fardeau si elle est mal dosée. Quant aux extraits concentrés, souvent mal régulés, ils peuvent interagir avec certains médicaments anticoagulants.
Ce que révèle finalement le cas de la myrtille, c’est le besoin d’une alimentation moins idéalisée et plus consciente. Oui, elle peut faire du bien. Mais non, elle ne guérit pas tout, ne remplace pas un mode de vie sain, et surtout ne mérite pas d’être instrumentalisée pour vendre du rêve sous cellophane. Le vrai pouvoir de la myrtille réside sans doute dans sa simplicité : un fruit parmi d’autres, qui peut enrichir un repas mais jamais le remplacer.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Rémi Faye.
Mis en ligne : 23/04/2025
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