La tension est montée d’un cran entre l’Inde et le Pakistan après une attaque terroriste visant des touristes au Cachemire indien. Une situation qui atteint un niveau inédit depuis près de vingt-cinq ans. En réaction aux mesures punitives adoptées par New Delhi, Islamabad a décidé jeudi de fermer son espace aérien aux avions civils indiens, de barricader la principale frontière terrestre entre les deux pays et d’ordonner l’expulsion de plusieurs dizaines de diplomates indiens. La question se pose désormais : l’Inde et le Pakistan sont-ils au bord d’un nouveau conflit armé ?
Jeudi soir, des échanges de tirs ont été signalés le long de la ligne de contrôle, frontière de facto entre les deux puissances nucléaires. Pourtant, pour Zeeshan Salahuddin, analyste au centre de recherche Tabadlab à Islamabad, la situation n’a rien d’exceptionnel.
« L’escalade dans la vallée de Leepa reste dans la norme. Il ne faut pas oublier que l’Inde et le Pakistan se sont affrontés à plusieurs reprises, avec des escarmouches fréquentes sur la ligne de contrôle », explique-t-il.
L’expert rappelle qu’en 2019, une attaque suicide dans le Cachemire indien, revendiquée par un groupe armé, avait déjà provoqué de vives tensions. Toutefois, selon lui, les contacts permanents entre les responsables militaires des deux pays permettent en général de contenir l’escalade.
« Dans la plupart des cas, la situation finit par se stabiliser. La dissuasion nucléaire reste un facteur clé pour éviter l’embrasement, et je m’attends à ce qu’il en soit de même aujourd’hui », affirme-t-il.
Sur le terrain, la prudence reste de mise. Selon une source militaire pakistanaise, l’armée a reçu pour consigne de se tenir prête à toute éventualité. Des mouvements de troupes ont été observés vendredi de part et d’autre de la frontière du Cachemire, tandis que plusieurs échanges de tirs ont eu lieu sans faire de victimes civiles.
Dans la nuit de vendredi à samedi, de nouveaux accrochages ont été rapportés. D’après l’armée indienne, plusieurs postes pakistanais auraient procédé à des tirs d’armes légères « non provoqués » le long de la ligne de contrôle.
New Delhi accuse Islamabad d’être impliqué dans l’attaque de Pahalgam, qui a coûté la vie à 26 civils. En représailles, les forces indiennes ont fait exploser deux maisons attribuées aux familles des assaillants présumés. Une série de mesures punitives et de représailles s’est engagée entre les deux pays, ravivant les souvenirs douloureux des trois guerres qui ont suivi la partition de 1947.
Le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, a tenté de calmer les tensions. Lors d’une cérémonie militaire, il a rejeté les accusations de New Delhi, appelant à une « enquête neutre » sur l’attaque du Cachemire.
« Les accusations contre le Pakistan sont infondées. Cette tragédie ne doit pas servir d’alibi à des reproches systématiques », a-t-il déclaré.
Article écrit par : Badara Tall.
Mis en ligne : 26/04/2025
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