Les tensions restent vives entre l’Inde et le Pakistan, plus de deux semaines après l’attentat meurtrier du 22 avril survenu dans la nuit au Cachemire. Ce vendredi matin, New Delhi a rapporté de « multiples attaques » menées dans la nuit à l’aide de drones et de tirs pakistanais « tout le long de la frontière ».
Selon l’armée indienne, « les attaques de drones ont été repoussées et fait l’objet d’une réponse appropriée ». Une source policière a confié à l’AFP, sous couvert d’anonymat, qu’une civile avait été tuée par un tir de mortier dans le secteur d’Uri.
En réponse, Islamabad a dénoncé de son côté des tirs d’artillerie indiens ayant fait cinq morts parmi les civils, dont une fillette de deux ans, dans la nuit de jeudi à vendredi au Cachemire pakistanais. « Durant la nuit, les forces indiennes ont tiré sur des zones civiles, tuant quatre civils, dont une fillette de deux ans », a déclaré à l’AFP Adeel Khan, officier de police à Kotli. Une source gouvernementale locale a confirmé le bilan. « Les bombardements se sont poursuivis tard dans la nuit. En réponse, l’armée pakistanaise a mené une intense contre-attaque et visé trois postes indiens le long de la ligne de contrôle », a-t-il ajouté.
Toujours selon Islamabad, 77 drones auraient été abattus en deux nuits, dont 29 drones indiens interceptés entre mercredi 7 et jeudi 8 mai, et 48 supplémentaires la nuit suivante.
Dans une déclaration virulente, le porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères, Shafqat Ali Khan, a dénoncé ce vendredi « le comportement irresponsable de l’Inde [qui] a poussé deux États nucléaires plus près d’un conflit majeur ». Il a mis en garde : « L’hystérie guerrière de l’Inde devrait être une source de grande inquiétude pour le monde ».
Sur le terrain, les conséquences de l’escalade sont déjà visibles. Toutes les écoles ont été fermées dans la région du Cachemire indien, ainsi que dans plusieurs zones frontalières du Pakistan, notamment dans les États du Penjab et du Rajasthan. Par mesure de sécurité, 24 aéroports du quart nord-ouest de l’Inde ont également suspendu leurs opérations. Des simulations de coupures d’électricité ont lieu dans plusieurs villes, accompagnées de sirènes militaires, renforçant l’atmosphère de guerre imminente.
Le jeudi 8 mai a été marqué par une nouvelle série d’explosions dans le Cachemire indien, revendiqué par les deux pays depuis leur indépendance en 1947. New Delhi a pointé du doigt des « frappes de drones et de missiles pakistanais » contre des installations militaires. Plus tôt dans la journée, Lahore, métropole pakistanaise proche de la frontière, s’était réveillée sous le choc d’explosions. L’Inde a assuré avoir « neutralisé » la défense aérienne qui y était déployée, en représailles à des attaques nocturnes visant des « cibles militaires ».
Alors que les regards internationaux se tournent vers le sous-continent, les appels à la retenue se heurtent à une rhétorique belliqueuse. Le vice-président américain J.D. Vance a lancé un appel à la « désescalade », tout en précisant que les États-Unis « ne vont pas s’impliquer dans une guerre qui n’est fondamentalement pas [leur] affaire », lors d’une interview sur Fox News.
Dans une tentative de médiation, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, s’est rendu jeudi à New Delhi après une visite à Islamabad, dans l’espoir d’ouvrir un canal de dialogue entre les deux puissances rivales.
Enfin, le conflit s’est également déplacé sur le terrain de l’information. L’Inde a ordonné jeudi au réseau social X de bloquer plus de 8 000 comptes, parmi lesquels ceux de médias internationaux et de The Wire, un média d’opposition. Le réseau a annoncé s’être exécuté « à contrecœur », dénonçant une « censure » et exacerbant les inquiétudes quant à la liberté d’expression dans un climat de guerre naissante.
Article écrit par : Sophie Diop
Mis en ligne : 09/05/2025
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