À l’aube de l’ouverture du Dialogue national au Sénégal, prévue pour du 28 mai au 4 juin 2025, une question fondamentale se pose : le Sénégal est-il réellement prêt à redéfinir son système électoral et à inscrire la démocratie dans une vision nouvelle, ou s’agit-il encore d’un jeu de dupes, une manœuvre politique de plus pour maintenir le statu quo ?
Le président Bassirou Diomaye Faye, en annonçant les termes de référence pour les discussions à venir, met en avant un projet ambitieux, une volonté de rompre avec les pratiques politiques anciennes. L’objectif est clair : repenser le système électoral sénégalais pour le renforcer et le rendre plus inclusif. Mais en sommes-nous vraiment là ? Peut-on croire à une réelle volonté de changement ?
Pour conduire cette révision, le chef de l’État a désigné Dr. Cheikh Guèye, un nom qui n’est pas sans faire écho dans le milieu politique. Bien que le rôle de Facilitateur général semble être d’assurer un dialogue constructif, il est impératif de se demander si cet échange sera réellement ouvert et franc, ou si nous allons, une fois de plus, assister à un monologue déguisé.
Les dix axes proposés pour structurer les discussions, qui vont de la modernisation du système électoral à la révision globale du Code électoral, sont louables sur le papier. Qui ne souhaiterait pas une modernisation du système électoral et une meilleure représentation de l’opposition ? Qui ne réclamerait pas une inscription automatique sur les listes électorales pour chaque citoyen dès sa majorité, ou une réforme du mécanisme de parrainage qui a souvent été perçu comme un obstacle à la concurrence électorale libre et équitable ?
Mais soyons lucides : ces réformes ne seront efficaces que si elles sont accompagnées de véritables engagements politiques, loin des calculs partisans. Car la modernisation du système électoral n’est pas seulement une question de technologie ou de règles, c’est avant tout une question de transparence et de justice. La place de l’opposition, du rôle des autorités électorales et des médias, ainsi que le financement des partis politiques, ne doivent pas être des points de débats pour occuper le terrain, mais bien des leviers pour transformer le paysage politique sénégalais.
Il est également important de se rappeler que ce Dialogue national au Sénégal arrive dans un contexte où de nombreuses questions sur la légitimité et la transparence des dernières élections restent en suspens. Si les citoyens ne perçoivent pas ces réformes comme authentiques et sincères, elles risquent de renforcer le scepticisme et d’enfoncer davantage le pays dans une crise de confiance politique.
Il est crucial que ce dialogue ne soit pas seulement une vitrine pour des réformes de façade. Les autorités doivent prendre conscience de l’importance de garantir un processus véritablement inclusif, où toutes les voix, y compris celles de l’opposition, des organisations de la société civile, des jeunes et des citoyens non alignés, seront entendues. Si le but est de renforcer la démocratie, cela implique une transparence totale, une ouverture réelle à la diversité des opinions et une volonté ferme d’aller au-delà des calculs politiques étroits.
Le Sénégal mérite une réforme électorale qui dépasse les intérêts partisans et qui réponde aux aspirations profondes de son peuple : une démocratie véritablement inclusive, juste et participative. Ce dialogue peut être un tournant décisif, mais cela ne dépendra que d’une seule chose : la sincérité des engagements pris et la profondeur des changements réalisés. Les acteurs politiques, les citoyens et les leaders d’opinion doivent être prêts à exiger de réelles avancées, et à ne pas se contenter de demi-mesures ou de compromis superficiels.
Le moment est venu de réinventer la démocratie sénégalaise, et cela commence par ce Dialogue national. La question est : serons-nous à la hauteur de ce défi historique ?
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Abdoulaye Diop.
Mis en ligne : 26/04/2025
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