L’automatisation du travail n’est pas une révolution. C’est une saignée. Et les premières victimes ne sont ni les riches ni les pauvres, mais bien les classes moyennes, ces piliers longtemps idéalisés de nos sociétés modernes.
Ce sont elles qu’on déshabille, qu’on affaiblit et qu’on précarise au nom de la rentabilité, du progrès technologique et de la sacro-sainte compétitivité. On les sacrifie sans vergogne, avec la bénédiction d’élites qui n’en assumeront jamais les conséquences.
Les faits sont là : les emplois routiniers, administratifs, techniques, voire certains métiers qualifiés, fondent comme neige au soleil. Le banquier de guichet, le comptable, le contrôleur qualité, le technicien d’usine… tous voient leur métier absorbé par des algorithmes ou des machines de plus en plus performantes. On leur vend le discours de la reconversion, de la « montée en compétence », comme si tout le monde pouvait devenir data analyst ou développeur web à 45 ans, entre deux crédits et trois enfants. C’est une hypocrisie cruelle.
La classe moyenne est piégée dans une transition numérique qui ne lui est ni favorable ni accessible. Elle ne bénéficie ni des protections de l’élite, ni des politiques sociales destinées aux plus démunis. Elle travaille, cotise, consomme mais elle perd chaque jour du terrain, dans un monde où le travail stable, bien payé et porteur de sens devient un luxe. L’automatisation ne crée pas de vide : elle redistribue le pouvoir. Et elle le redistribue mal.
Pire encore, cette automatisation creuse les inégalités. Ce ne sont pas seulement les emplois qui disparaissent, mais les repères sociaux. Les emplois robotisés offrent peu de perspectives, peu d’épanouissement. Les tâches deviennent fragmentées, déshumanisées. On demande aux humains d’imiter les machines : d’être rapides, sans erreur, sans émotion. Le salarié devient une extension de l’algorithme, un outil jetable dans une chaîne où la performance prime sur tout.
À cela s’ajoute un cynisme politique désarmant. On célèbre les gains de productivité, la réduction des coûts, le “futur du travail” en oubliant que ce futur, pour beaucoup, ressemble surtout à un précipice. Les discours optimistes masquent mal une réalité brutale : sans une réflexion sérieuse sur la redistribution des richesses, la taxation des profits issus de l’automatisation, et la place de l’humain dans l’économie de demain, la classe moyenne est condamnée à l’effacement.
La technologie n’est pas le problème. C’est son utilisation sans garde-fou, sans justice, sans vision humaine. Il est encore temps de réagir, mais pour cela, il faut oser poser les bonnes questions. Qui bénéficie vraiment de l’automatisation ? Qui en paie le prix ? Et surtout, combien de temps allons-nous encore accepter que les classes moyennes servent de variable d’ajustement à chaque saut technologique ?
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Soleine Gaye
Mis en ligne : 27/04/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.