Hier, à 12 h 33 précises, la péninsule ibérique a basculé dans le chaos. Un immense blackout a plongé des millions de foyers dans l’obscurité et la stupeur. « On a crié comme des fous, mais personne ne nous entendait », raconte Ana María au journal El País. Avec son mari, elle est restée coincée près d’une heure dans l’ascenseur de son immeuble à Palomeras Bajas, un quartier de Madrid. Par chance, ils font partie des premiers rescapés de cette panne historique.
Ils ne sont pas seuls : des centaines de personnes ont vécu la même mésaventure à travers l’Espagne et le Portugal, certaines bloquées des heures durant, sans lumière, sans réseau, sans secours immédiat. Selon Red Eléctrica, le gestionnaire du réseau espagnol, « une très forte fluctuation sur les flux de puissance » a provoqué un effondrement du réseau électrique de toute la péninsule.
Conséquence directe : près de 60 millions de personnes privées d’électricité, d’internet et de télécommunications pendant plusieurs heures. Les feux de signalisation se sont éteints, paralysant les grandes villes, les trains ont été stoppés, les commerces fermés, et les services publics désorganisés. La vie quotidienne s’est figée. Le courant n’a commencé à revenir que progressivement en début d’après-midi. À minuit, plus de 90 % du réseau avait été rétabli.
El País résume la situation d’un mot : vertige. « La confusion vécue hier par tous les citoyens sans exception rappelle celle des premiers jours de la pandémie de Covid-19. » Pour le journal madrilène, cette nouvelle crise s’ajoute à une liste déjà bien longue dans ce début de XXIe siècle incertain. « Une grande partie de la population s’est endormie hier soir en se sentant soudainement vulnérable face à la perte de ce que nous tenions pour acquis : l’électricité, le téléphone, internet… »
Pendant ce temps, de l’autre côté de l’Atlantique, le Canada retient son souffle. À la une du Devoir, le retour surprise des libéraux au pouvoir sous la houlette de Mark Carney. « Ce qui paraissait impossible il y a quatre mois est devenu réalité », note le quotidien québécois. Alors que les conservateurs de Pierre Poilievre caracolaient en tête des sondages en décembre, la rhétorique agressive de Donald Trump, évoquant même une annexion du Canada, a profondément rebattu les cartes.
Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, incarne le sérieux et la stabilité. Mais Le Devoir reste prudent : « La patience des Canadiens sera courte. Après une décennie d’usure sous Justin Trudeau, les libéraux n’auront pas droit à l’erreur. » Le marathon ne fait que commencer.
Enfin, Libération consacre un dossier à la Syrie, près de cinq mois après la chute de Bachar al-Assad. Le pays, exsangue après quatorze années de guerre civile et cinquante ans de dictature, tente de se reconstruire. Mais le chantier est titanesque. Le nouveau chef d’État, Ahmed al-Charaa, un ex-salafiste, tente de faire oublier son passé. Il a changé de nom, de tenue, et formé un gouvernement « inclusif » pour rassurer les Occidentaux : une femme chrétienne, démocrate et féministe, des figures kurdes et alaouites y siègent.
Mais le pays reste pris en étau. Au sud, Israël grignote discrètement du territoire. Au nord, la Turquie fait pression pour récolter les fruits de son soutien. « Les premiers pas sont symboliques, mais insuffisants », soupire Libération. L’unité de la Syrie ne tient qu’à un fil. Le réveil d’un pays brisé ne se fera pas en un jour.
Article écrit par : Amadou Diop
Mis en ligne : 29/04/2025
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