À trois mois de l’Assemblée générale élective de la Fédération sénégalaise de football, prévue le 2 août, le président sortant Augustin Senghor voit son socle de soutien historique vaciller. Le mouvement « Manko Wuti Ndamli », longtemps acquis à sa cause, se fissure à mesure que se précise l’éventualité d’une cinquième candidature.
Le long règne de Me Augustin Senghor à la tête de la Fédération sénégalaise de football (FSF) touche-t-il à sa fin ? En poste depuis 2009, l’homme fort du football national, également ancien vice-président de la CAF, semble désormais confronté à une contestation inédite au sein même de ses alliés traditionnels. Ce dimanche, lors d’une réunion stratégique tenue à Kaolack, plusieurs présidents de ligues régionales ont publiquement exprimé leur refus de soutenir une nouvelle candidature de Senghor.
C’est Yaya Baldé, président de la Ligue de Kolda, qui a ouvert les hostilités. D’un ton ferme, il a appelé à un renouvellement du leadership : « Je ne suis pas prêt à voter ni à soutenir une cinquième candidature de Me Augustin Senghor. Il devrait désormais jouer un rôle de mentor au sein du mouvement, et non en être le candidat. » Le responsable de Kolda a même proposé d’accompagner l’actuel président vers des responsabilités continentales, suggérant ainsi une sortie digne.
Les prises de position se sont ensuite succédé, accentuant l’isolement progressif de Senghor. Samba Ndiaye (Matam), Malick Thiam (Dakar), Souleymane Coulibaly (Tambacounda), Ely Rirahim Fall (Diourbel), Thierno Kosso Diané (Kaolack), Samba Top (Louga) et Aliou Dabo (Sédhiou) ont, chacun à leur manière, marqué leur désaccord face à une nouvelle candidature de l’avocat de Gorée.
Seule ombre au tableau : la position ambivalente de Mame Adama Ndour, figure majeure du mouvement, qui n’a pas clairement dévoilé ses intentions. « Il était dans le clair-obscur. Sa position n’a pas été claire », rapporte une source ayant assisté aux échanges. Quant à Abdoulaye Sow, autre poids lourd de la FSF, il a réservé sa position à Me Senghor lui-même.
Les absences des ligues de Ziguinchor et Saint-Louis ajoutent à l’incertitude générale, mais selon Yaya Baldé, aucun soutien explicite à Senghor n’a été exprimé, ni dans la salle ni à distance.
Si aucun candidat de rechange ne fait encore consensus, un nom revient avec insistance : celui de Djibril Wade, président de la Ligue sénégalaise de football professionnel. Proche du sérail et discret, Wade semble déjà jouer un rôle de premier plan, chargé de coordonner un comité restreint pour les prochaines élections. Il a transmis à Augustin Senghor le compte-rendu de la réunion de Kaolack. « C’était prévu qu’il le fasse. Il est normal qu’Augustin soit informé des décisions issues de cette concertation », précise Mame Adama Ndour.
À moins d’un rebondissement, la dynamique enclenchée laisse entrevoir un basculement historique. L’image de stabilité incarnée depuis plus de quinze ans par Augustin Senghor pourrait céder la place à une nouvelle ère. Un signal fort dans un environnement sportif sénégalais habitué à la continuité plutôt qu’à la rupture.
Article écrit par : Amadou Diop
Mis en ligne : 30/04/2025
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