Une affaire à rebondissements multiples, où escroquerie, faux documents et blanchiment de capitaux se croisent dans une machination digne des plus sombres scandales financiers, fait aujourd’hui trembler les institutions sénégalaises. Dans son édition du jour, Libération révèle les coulisses de cette nouvelle affaire qui éclabousse le Trésor public, avec l’implication directe d’un agent de recouvrement et d’un homme d’affaires, tous deux interpellés après une série d’illégalités qui pourraient bien marquer un tournant dans les enquêtes liées à la corruption.
L’histoire débute en décembre 2023, avec une proposition plus que douteuse faite par Omar Ba, un agent de recouvrement au Trésor public, à l’homme d’affaires Mouhamed Ndiaye. Celui-ci se voit offrir la possibilité d’encaisser un chèque de 500 millions de Fcfa émis par le Trésor public contre une commission de 40 %. Séduit par la proposition, le frère de Mouhamed, Moussa Ndiaye, avance 150 millions de Fcfa pour faciliter la transaction.
Mais très vite, la situation prend une tournure inquiétante : le chèque, émis au nom de la société de Moussa, « Le Paketière », se voit réclamé sous prétexte d’une erreur de libellé. Omar Ba, après avoir récupéré le chèque, ne le réémettra jamais.
Les espoirs de Moussa Ndiaye s’effondrent. Dans sa quête pour résoudre cette situation, il se tourne vers un banquier, qui le met en contact avec Makhtar Sèye, un chef d’entreprise supposément bien placé dans les rouages du Trésor. Ce dernier lui promet de régulariser le chèque, et même d’en obtenir un autre pour des dédouanements. Confiant, Moussa lui remet 140 millions de Fcfa. Mais il découvre trop tard qu’il a été dupé : Sèye, usant d’une ruse de taille, imitait même la voix du Trésorier général de l’époque, Abdoulaye Fall, pour tromper la victime sur l’avancée de l’affaire.
Le retour à la réalité est brutal pour Moussa Ndiaye. Il décide de se rendre auprès de Abdoulaye Fall, le véritable Trésorier général, qui nie toute implication et l’encourage à déposer plainte. Une démarche qui porte ses fruits : grâce à l’intervention du Procureur de l’époque, Abdou Karim Diop, 102 millions de Fcfa sont récupérés et restitués à Moussa, après avoir été saisis à la gendarmerie par les deux escrocs.
Mais les manipulations n’en ont pas fini avec leur victime. Pour tenter de calmer les tensions, Omar Ba et Makhtar Sèye offrent à Moussa un terrain évalué à 90 millions de Fcfa, accompagné de remboursements partiels en espèces (19 millions) et en nature (deux véhicules d’une valeur de 47 millions de Fcfa). Cependant, après avoir revendu le terrain à Mamadou Aliou Ba pour 74 millions de Fcfa, Moussa se retrouve face à un autre obstacle : Omar Ba, propriétaire officiel de la parcelle, refuse de signer l’acte de cession et tente de reprendre le terrain, toujours sous l’influence de Makhtar Sèye.
Au total, malgré les multiples tentatives de règlement, les objets remis et les arrangements proposés, la somme qui reste due à Moussa Ndiaye s’élève toujours à 117 millions de Fcfa.
C’est ce dernier abus qui pousse Moussa à alerter définitivement la Division des investigations criminelles (DIC), déclenchant ainsi les arrestations d’Omar Ba et de Makhtar Sèye. Ces deux individus, aujourd’hui derrière les barreaux, risquent de lourdes peines pour leur rôle dans cette escroquerie de grande envergure qui a secoué les institutions publiques et révélé un système de corruption bien ancré.
Article écrit par : Mariama Ba
Mis en ligne : 30/04/2025
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