L’affaire tragique de Samantha Pendo, bébé de six mois tuée lors de la répression des manifestations en 2017, soulève une question essentielle : jusqu’à quel point les crimes contre l’humanité peuvent-ils être ignorés sans conséquence dans des systèmes judiciaires fragiles ? Cette affaire met en lumière l’impunité récurrente dont bénéficient les forces de police au Kenya, malgré des accusations sérieuses de brutalité policière et d’exécutions extrajudiciaires.
La mort de Pendo, suite à l’utilisation de gaz lacrymogènes dans sa maison par la police, s’inscrit dans un contexte plus large de violence policière systématique, souvent considérée comme un crime contre l’humanité.
Les accusations portées contre les quatre officiers impliqués dans la mort de Samantha Pendo, bien qu’elles aient retenu l’attention, ont été marquées par une absence de poursuites contre huit autres agents, en raison de ce que le bureau du procureur a qualifié de « preuves insuffisantes ». Ce manque de responsabilité alimente la perception que des crimes contre l’humanité peuvent être commis sans que les responsables soient tenus de rendre des comptes.
De nombreuses organisations, dont la section kényane d’Amnesty International, ont dénoncé cette décision, estimant que l’enquête sur les crimes contre l’humanité, conduite par l’Autorité indépendante de surveillance de la police, n’a pas été prise en compte.
Il est choquant de constater que des actes qui devraient être qualifiés de crimes contre l’humanité restent souvent impunis dans un pays comme le Kenya, où les forces de l’ordre sont régulièrement accusées de commettre des violences à l’encontre des civils.
Les manifestants qui ont contesté les résultats de l’élection présidentielle de 2017 ont payé un lourd tribut, avec la mort de Samantha Pendo et de nombreux autres manifestants, victimes de la répression. L’absence d’inculpations pour ces actes souligne l’énorme défi que représente la lutte contre les crimes contre l’humanité au sein des institutions locales.
Bien que des enquêtes aient été ouvertes, et que des recommandations aient été faites pour inculper 12 officiers, le système judiciaire kényan semble rester à l’écart des principes fondamentaux de justice en matière de crimes contre l’humanité. La lenteur des procédures et le manque de volonté politique à traduire en justice les responsables de ces actes renforcent l’idée d’une culture d’impunité qui perdure dans le pays.
En conclusion, le Kenya se trouve à un carrefour critique en ce qui concerne la reconnaissance et la punition des crimes contre l’humanité. L’affaire Samantha Pendo est un exemple frappant des obstacles à la justice pour les victimes de violences policières et de la difficulté à garantir que les responsables de crimes contre l’humanité soient effectivement traduits en justice. Tant que ces actes continueront à être traités avec négligence, la lutte pour les droits humains et pour la justice dans le pays sera une bataille constante.
Article écrit par : Sophie Diop
Mis en ligne : 06/05/2025
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