À écouter les discours officiels, le PAVIE II serait la panacée pour transformer le Sénégal, autonomiser les jeunes, libérer le potentiel des femmes et éradiquer la précarité. Pourtant, derrière l’enthousiasme gouvernemental, ce programme cache une triste réalité : celle d’un outil de communication politique qui recycle des promesses creuses sous couvert de modernité. Encore une fois, l’État mise sur la façade au lieu de résoudre les problèmes structurels qui freinent l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes au Sénégal.
En glorifiant les financements débloqués et les partenariats internationaux (BAD, AFD), les autorités évitent soigneusement les vraies questions : pourquoi tant de jeunes formés sous le PAVIE I n’ont-ils toujours pas d’activités viables ? Où sont les chiffres d’impact indépendants ? Quelles mesures ont été prises pour que la phase II ne répète pas les échecs de la première ? Au lieu d’un plan structurant, le PAVIE II ressemble à une opération de marketing gouvernemental, bien plus soucieuse d’image que d’efficacité.
Le discours d’Ousmane Sonko sur « un Sénégal maître de son destin » sonne faux dans un contexte où l’environnement des affaires est toujours asphyxié par la lourdeur administrative, la corruption, l’absence d’un accompagnement réel à long terme, et l’inaccessibilité des ressources pour les plus pauvres. Loin de favoriser l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes au Sénégal, le PAVIE II risque surtout de renforcer l’économie clientéliste, au détriment d’un changement structurel attendu par des millions de Sénégalais.
On ne bâtit pas un tissu entrepreneurial solide sur des slogans. Les femmes rurales et les jeunes chômeurs n’ont pas besoin d’allocutions lyriques, mais d’un accès simplifié au crédit, de garanties pour démarrer, d’infrastructures décentes et de marchés équitables. Or, rien dans la gouvernance actuelle ne garantit que le PAVIE II sera autre chose qu’un programme centralisé, bureaucratique, instrumentalisé par les élites, et inaccessible aux véritables laissés-pour-compte.
Le PAVIE II aurait pu marquer un tournant. Il est en passe de devenir un symbole de plus de l’échec des politiques publiques à traduire les aspirations populaires en actes concrets. Si l’État veut réellement promouvoir l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes au Sénégal, il doit écouter la base, faire preuve de transparence, décentraliser les décisions et assumer la rupture promise. Sans cela, le rêve d’un Sénégal audacieux restera un slogan vide. Encore un.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Khadim Diop.
Mis en ligne : 12/05/2025
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