Le réseau social, propriété du groupe chinois ByteDance, est accusé par la Commission européenne de ne pas fournir d’informations suffisantes sur le contenu des publicités diffusées, les publics visés, ni sur les entités finançant ces campagnes.
Il s’agit de la première procédure lancée contre TikTok dans le cadre du règlement européen sur les services numériques (DSA), entré pleinement en vigueur l’année dernière pour mieux protéger les internautes face aux contenus potentiellement dangereux.
TikTok est régulièrement pointé du doigt, tant en Europe qu’aux États-Unis, pour ses effets négatifs sur la santé mentale des mineurs, sa gestion des données personnelles, ou encore son rôle dans la diffusion de contenus pouvant influencer les débats publics ou les processus électoraux au profit de puissances étrangères.
Henna Virkkunen, commissaire européenne en charge de la souveraineté numérique et de l’application du DSA, a rappelé que la transparence en matière de publicité en ligne — en particulier sur les financeurs et les méthodes de ciblage était essentielle.
Elle insiste : « Que ce soit pour protéger l’intégrité de nos élections, préserver la santé publique ou éviter les arnaques publicitaires, les citoyens doivent savoir qui est à l’origine des messages qu’ils voient. »
TikTok, de son côté, affirme vouloir se conformer aux règles. Un porte-parole du réseau a reconnu ne pas partager certaines interprétations de la Commission, tout en affirmant que le groupe souhaite maintenir le dialogue.
La plateforme a désormais accès au dossier d’enquête et peut formuler une réponse écrite aux constats établis. Si les accusations sont confirmées, TikTok risque une amende équivalente à 6 % de son chiffre d’affaires annuel mondial, ainsi qu’un placement sous supervision renforcée jusqu’à l’application de mesures correctives.
Cette procédure fait suite à une enquête ouverte par la Commission en février 2024. Outre le manque de transparence publicitaire, l’enquête examine également les effets des algorithmes de TikTok sur l’addiction des utilisateurs, ainsi que les dispositifs de vérification de l’âge. Pour l’instant, ces points n’ont pas donné lieu à une mise en accusation formelle.
En parallèle, une autre procédure a été engagée en décembre 2024, la plateforme étant soupçonnée d’avoir violé ses obligations dans le cadre de la présidentielle roumaine, ouvrant potentiellement la voie à des interférences russes. Les investigations sont en cours.
Par ailleurs, le 2 mai, TikTok a été condamné à une amende de 530 millions d’euros dans l’UE pour manquements à la protection des données personnelles des citoyens européens.
Avec ses 1,5 milliard d’utilisateurs, le réseau social reste dans la ligne de mire des gouvernements occidentaux, qui s’inquiètent de ses liens avec Pékin et d’un possible usage abusif des données à des fins d’espionnage ou de propagande.
Ironiquement, TikTok est souvent considéré comme l’un des géants du numérique les plus ouverts au dialogue avec Bruxelles, qui agit en tant que gendarme du numérique dans l’Union. En avril 2024, la plateforme avait notamment suspendu une fonctionnalité de TikTok Lite, accusée de favoriser l’addiction en récompensant le temps passé en ligne.
En revanche, les échanges sont beaucoup plus tendus avec X (anciennement Twitter), propriété d’Elon Musk, proche de Donald Trump. Trois infractions ont été relevées à titre préliminaire en juillet 2024 : pratiques trompeuses autour des coches bleues censées garantir la fiabilité des sources, manque de transparence sur les publicités, et refus d’accorder l’accès aux données aux chercheurs agréés.
Sur ces points, les discussions avec la Commission restent compliquées, certains soupçonnant Bruxelles de temporiser les sanctions pour éviter un nouvel affront diplomatique avec Washington, dans un contexte déjà marqué par des tensions commerciales.
Article écrit par : Soda Marème
Mis en ligne : 15/05/2025
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