Le Sénat congolais a lancé, jeudi, la procédure de levée de l’immunité de l’ancien président Joseph Kabila, suscitant une vive controverse. Selon un trihebdomadaire local, cette démarche unilatérale de la chambre haute, menée en contournant la Constitution qui exige la réunion des deux chambres du Parlement en congrès, est largement perçue comme une manœuvre politique. Elle a provoqué une onde de choc au sein de l’opinion publique et relancé les interrogations sur la traque des opposants au pouvoir en place à Kinshasa.
Dans les cercles politiques, cette initiative est interprétée comme une tentative délibérée d’affaiblir Joseph Kabila, dont les relations restent tendues avec le régime actuel. Certains observateurs y voient une stratégie de l’exécutif pour écarter définitivement l’ancien chef de l’État de la scène politique, dans un contexte où plusieurs de ses proches sont déjà visés par des poursuites judiciaires.
Le quotidien Le Potentiel met en lumière l’escalade des tensions entre le président Félix Tshisekedi et son prédécesseur. En Une, le journal titre : Levée des immunités de Kabila : Tshisekedi déterminé à liquider l’héritage FCC-CACH.
L’alliance FCC-CACH, autrefois présentée comme un pacte de cogestion, semble désormais reléguée au passé. Pour Le Potentiel, cette rupture prend des allures de règlement de comptes : « Cette hargne et cette détermination du régime Tshisekedi rappellent une scène de ménage où les partenaires décident de détruire l’héritage commun bâti durant leur cohabitation politique. »
Toujours selon le quotidien kinois, les pressions exercées sur Joseph Kabila et son entourage politique traduisent un esprit de revanche. Un contraste saisissant avec les débuts du mandat de Tshisekedi, marqué par un accord de gouvernance partagée avec l’ancienne majorité, alors largement dominante dans les assemblées.
De son côté, Le Phare estime que « le ciel s’obscurcit » pour Joseph Kabila, accusé d’avoir manqué à ses obligations constitutionnelles et d’avoir soutenu les ennemis de la nation. Le journal considère que l’ancien président se trouve désormais dans une position périlleuse, sa carrière politique risquant d’être irrémédiablement compromise.
L’ancien Premier ministre Matata Ponyo est, lui aussi, sous les projecteurs de la justice. Dans son édition, Le Phare revient sur l’affaire Bukangalonzo, ce vaste projet de parc agro-industriel dans la province du Kwango, resté inachevé malgré les fonds débloqués. Les responsables du projet sont soupçonnés de détournement de fonds publics.
Après une longue attente et une audience tendue à la Cour constitutionnelle prévue le 14 mai, le verdict a finalement été repoussé au mardi 20 mai. Le ministère public a requis 20 ans de prison et 10 ans d’inéligibilité à l’encontre de l’ancien chef du gouvernement.
Selon Forum des As, ce report serait dû à des désaccords persistants au sein des juges constitutionnels. Le quotidien souligne que « les magistrats éprouvaient des difficultés à s’entendre sur la peine à infliger au principal accusé ».
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 17/05/2025
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