Corruption ou vengeance politique : La chute calculée d'Ould Abdel Aziz - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Maimouna | Publié le 18/05/2025 01:05:19

Corruption ou vengeance politique : La chute calculée d'Ould Abdel Aziz

La condamnation de l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz à 15 ans de prison ferme et à une amende colossale de 3 millions de dollars, confirmée ce mercredi par la Cour d’appel de Nouakchott, soulève des questions troublantes sur l’indépendance de la justice et les calculs politiques qui semblent guider ce verdict.

Certes, les accusations de blanchiment d’argent et d’enrichissement illicite sont graves, et aucun dirigeant ne devrait être au-dessus des lois. Mais lorsque la peine initiale de 5 ans se transforme subitement en 15 ans, avec en prime une déchéance de tous les droits civiques, il est légitime de s’interroger : s’agit-il vraiment d’un combat contre la corruption… ou d’une purge politique déguisée ?

Depuis son incarcération en janvier 2023, l’ancien chef de l’État est au cœur d’une bataille féroce avec son successeur, Mohamed Ould Ghazouani, notamment sur la gestion du parti au pouvoir. Les tensions entre les deux hommes, autrefois alliés, ne sont un secret pour personne. Et dans un pays où la justice a souvent servi d’instrument aux luttes de palais, le timing et la sévérité du verdict alimentent les soupçons.

Si Ould Abdel Aziz a effectivement accumulé une fortune controversée, 70 millions de dollars selon l’accusation, on peut s’étonner que cette affaire éclate précisément au moment où il devient un rival gênant. Où étaient les enquêteurs pendant son mandat ? Pourquoi cette soudaine rigueur judiciaire, alors que d’autres figures du régime, tout aussi compromises, échappent à toute poursuite ?

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Le problème n’est pas de juger un ancien président, mais de le faire sans partialité. En multipliant par trois sa peine, la Cour d’appel envoie un message ambigu : est-ce la preuve d’une justice inflexible… ou d’un pouvoir déterminé à éliminer un adversaire ?

Cette condamnation spectaculaire risque d’alimenter les divisions au sein de l’élite politique mauritanienne, déjà fracturée. Pire, elle pourrait discréditer la lutte contre la corruption, perçue comme un outil de répression ciblée plutôt qu’une volonté sincère de moralisation.

S’il est essentiel de lutter contre l’impunité, la justice doit être impartiale, pas un bras armé des rivalités au sommet. En durcissant outrageusement la peine d’Ould Abdel Aziz, les autorités mauritaniennes donnent l’impression de régler un compte, plutôt que de servir l’équité.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ibrahima Diouf.
Mis en ligne : 18/05/2025

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