Alors que les pourparlers indirects se poursuivent laborieusement à Doha, Israël a lancé une nouvelle opération militaire de grande ampleur dans la bande de Gaza, baptisée « Les chars de Gédéon ». Cette manœuvre, destinée selon Tel-Aviv à faire pression sur le Hamas, s’inscrit dans une stratégie déjà éprouvée depuis plus d’un an et demi : alterner blocus humanitaire et frappes ciblées pour arracher la libération d’otages et imposer des cessez-le-feu provisoires.
Une stratégie dont les conséquences humanitaires se révèlent de plus en plus lourdes.
Selon Libération, l’armée israélienne a mené pas moins de 670 frappes en une semaine, causant la mort d’au moins 462 Palestiniens, dont 344 sur les seules trois dernières journées. Un chiffre glaçant, qui vient alourdir le bilan déjà catastrophique d’une guerre sans fin. Au même moment, Le Soir rappelle qu’aucune aide humanitaire n’a été acheminée vers Gaza depuis le 2 mars.
L’État hébreu, sous pression, a annoncé l’entrée prochaine d’une « quantité de base de nourriture » pour, dit le Premier ministre Benyamin Netanyahou, « éviter la famine ». Mais pour The New York Times, même au sein de l’armée israélienne, certains officiers redoutent désormais une famine généralisée si l’aide internationale ne reprend pas.
À Genève, Le Temps dresse la liste des violations présumées du droit international humanitaire dont Israël pourrait être tenu responsable : blocage de l’aide, frappes indiscriminées, destructions de biens civils, déplacements forcés… autant de griefs établis par les Conventions de Genève. Pourtant, aucune condamnation unanime de la communauté internationale, encore moins de sanctions.
Le Monde sonne l’alarme : « les alliés d’Israël face au risque de la complicité ». Les ONG, les experts en droit, les universitaires et les agences onusiennes appellent les États à rompre leur silence, à défaut de quoi ils pourraient eux-mêmes être poursuivis pour non-assistance ou complicité de crimes de guerre. Mais l’inaction prévaut.
Dans la presse étrangère, les voix critiques se font plus audibles. Au Sunday Times, un éditorialiste britannique dénonce : « J’ai pleuré les victimes du 7 octobre. Mais qui, parmi nous, ne pleure pas aussi les enfants affamés de Gaza ? » Et de conclure, en s’adressant directement aux Israéliens : « Arrêtez. Pour leur bien comme pour le vôtre, arrêtez, s’il vous plaît. »
À l’intérieur même d’Israël, la société est fracturée. Haaretz, quotidien d’opposition, plaide pour une sortie immédiate de la guerre : « Il est temps d’un accord global : libération des otages, retrait des troupes, aide humanitaire, reconstruction et processus diplomatique pour régler durablement la question palestinienne. » À l’opposé, The Jerusalem Post célèbre la deuxième place de la chanteuse Yuval Raphael à l’Eurovision comme un symbole de résilience nationale : « Elle est la preuve que tout le monde ne nous déteste pas », écrit le journal, dans un éditorial truffé d’ironie à l’égard des critiques occidentales.
À Gaza, les bombes continuent de tomber. À Doha, les négociations patinent. Et pendant que les civils s’enfoncent dans le désespoir, les puissances regardent ailleurs.
Article écrit par : Mariama Ba
Mis en ligne : 19/05/2025
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