Le président sud-africain Cyril Ramaphosa effectue cette semaine une visite d’État à Washington, au cœur d’une crise diplomatique Pretoria-Washington persistante. Cette visite intervient dans un climat de tensions profondes avec son homologue américain, Donald Trump.
L’objectif principal de Ramaphosa est clair : tenter de renouer un dialogue bilatéral fragilisé par des désaccords idéologiques majeurs, notamment autour de la réforme agraire sud-africaine et des positions divergentes sur la guerre à Gaza.
Longtemps perçue comme un partenariat stratégique entre deux puissances clés de leurs continents, la relation entre Pretoria et Washington est aujourd’hui marquée par un refroidissement sans précédent. Cette crise diplomatique Pretoria-Washington s’est accentuée en février, lorsque l’administration Trump a réduit son aide financière à l’Afrique du Sud. Plus récemment, l’octroi du statut de réfugiés à un groupe de Sud-Africains blancs par les États-Unis, accusés de persécutions raciales, a envenimé la situation. Pretoria a rapidement dénoncé cette décision, la qualifiant de manœuvre politique infondée, exacerbant ainsi la crise.
Pour sortir de cette impasse, Cyril Ramaphosa mise sur un levier économique inhabituel : les entreprises d’Elon Musk, milliardaire sud-africain proche de Donald Trump. Selon Vincent Magwenya, porte-parole du président sud-africain, une série de propositions visant à stimuler les échanges économiques est en cours. Parmi celles-ci, des avantages tarifaires pour Tesla, en échange d’investissements stratégiques en Afrique du Sud, pourraient jouer un rôle clé pour apaiser la crise diplomatique Pretoria-Washington.
Parmi les initiatives envisagées, l’installation d’un réseau national de bornes de recharge pour véhicules électriques, accompagnée d’allègements fiscaux pour Tesla, figure en bonne place. Le projet Starlink d’Elon Musk, réseau Internet par satellite, est également au centre des discussions, bien que son entrée sur le marché sud-africain soit pour l’instant bloquée. Le milliardaire accuse Pretoria de discrimination raciale, une allégation fermement réfutée par le gouvernement qui souligne que Starlink n’a jamais demandé de licence officielle.
Au-delà des questions technologiques, l’enjeu agricole est un autre point chaud de cette visite. L’Afrique du Sud craint la perte des privilèges liés à l’AGOA, qui permettent à ses exportations agricoles de bénéficier d’un accès sans droits de douane au marché américain. John Steenhuisen, ministre de l’Agriculture, a averti que la fin de ces avantages serait catastrophique pour l’économie agricole sud-africaine.
La rencontre prévue ce mercredi entre Ramaphosa et Trump à la Maison-Blanche s’annonce donc décisive. Le président sud-africain entend y défendre son programme de justice sociale tout en appelant à un partenariat économique plus pragmatique, susceptible de surmonter la crise diplomatique Pretoria-Washington actuelle.
Cette visite dépasse le simple cadre bilatéral : Ramaphosa rappelle que l’Afrique du Sud parle aussi au nom d’un continent entier qui réclame davantage de respect et de coopération sur la scène internationale. Ce déplacement pourrait soit amorcer un apaisement durable, soit approfondir la fracture entre Pretoria et Washington. Le défi est de taille, mais pour Pretoria, le dialogue reste la seule voie possible pour sortir de cette crise diplomatique.
Article écrit par : Amadou Diop
Mis en ligne : 19/05/2025
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