C’est une décision au parfum de scandale qui fait l’effet d’un séisme dans les cercles académiques et diplomatiques : le président Donald Trump a décidé d’interdire à l’université de Harvard d’accueillir des étudiants étrangers. Une annonce brutale, aux conséquences considérables, qui déclenche une onde de choc bien au-delà des frontières américaines. Aux États-Unis, la nouvelle plonge des milliers d’étudiants dans une incertitude glaçante. Le New York Times rapporte que « la peur et la confusion ont rapidement gagné les étudiants étrangers de Harvard, qui représentent plus d’un quart des inscrits ».
Le quotidien donne la parole à Karl, un étudiant autrichien, visiblement bouleversé : « Tellement d’étudiants viennent à Harvard pour changer en mieux l’Amérique et leur pays d’origine. Tout risque de s’effondrer. Ça me brise le cœur. » Derrière ce témoignage, c’est l’avenir de toute une génération cosmopolite qui vacille.
Pour l’administration Trump, Harvard n’est pas simplement une université : c’est un symbole à abattre. Le président l’a récemment qualifiée « d’institution d’extrême gauche » et « antisémite », dénonçant sa prétendue tolérance envers les manifestations propalestiniennes. En représailles, des milliards de dollars de subventions ont été supprimés. Une politique de la terre brûlée qui inquiète au-delà de l’Atlantique.
En Europe, où de nombreux étudiants touchés par la mesure sont originaires, les réactions sont vives. En Allemagne, Die Welt souligne que « cette attaque frontale contre Harvard s’inscrit dans une logique de purge idéologique ». Le quotidien suisse Le Temps parle d’un « chantage dangereux », susceptible de faire trembler toutes les autres universités du pays. En Italie, La Repubblica résume la décision d’un titre cinglant : « Dehors les étrangers ». Le journal rappelle l’impact financier de cette exclusion, alors que les étudiants étrangers paient souvent des frais de scolarité bien supérieurs à ceux des Américains.
La tension est d’autant plus palpable qu’elle s’inscrit dans un contexte déjà alourdi par la tragédie survenue hier à Washington : l’assassinat d’un jeune couple juif, tous deux diplomates à l’ambassade d’Israël. Le Wall Street Journal publie la photo du couple, souriant, insouciant, avant que le drame ne frappe. Yaron Lischinsky s’apprêtait à présenter sa compagne Sarah Milgrim à ses parents à Jérusalem. Il avait prévu de la demander en mariage.
Le journal cite Ayelet Razin, experte en droits humains et amie de Sarah : « Elle était pleine de vie. Cet antisémitisme qu’elle combattait lui a coûté la vie. » Tous deux venaient d’assister à une réunion pour promouvoir la coopération israélo-palestinienne. Leur mort tragique résonne comme un symbole douloureux dans une Amérique fracturée.
En Israël, The Jerusalem Post relie directement la décision de Trump contre Harvard à sa croisade contre l’activisme propalestinien. Le quotidien évoque une administration déterminée à expulser les étudiants militants et à geler les financements des universités jugées trop laxistes envers les discours anti-israéliens. Le retrait du droit d’accueillir des étudiants étrangers serait donc une sanction politique, dans une guerre contre « l’antisémitisme déguisé en activisme », selon les mots du journal.
Haaretz, pour sa part, adopte un ton résolument critique. Dans une tribune au titre explicite, « L’antisémitisme meurtrier n’empêchera pas les Juifs de Washington de parler à voix haute », le quotidien israélien d’opposition dénonce une instrumentalisation du combat contre la haine à des fins répressives et partisanes.
À Harvard, temple de l’excellence et du brassage des cultures depuis plus de 400 ans, c’est le silence et l’incompréhension qui dominent. L’interdiction frappant les étudiants étrangers ne marque pas seulement une rupture politique. Elle symbolise un repli idéologique sans précédent dans l’histoire récente de l’enseignement supérieur américain.
Article écrit par : Mariama Ba
Mis en ligne : 23/05/2025
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