Depuis le 13 mai 2025, plus de 100 000 enfants et adolescents participent à une opération de « pause numérique ». Une initiative salutaire, mais largement insuffisante face à l’ampleur d’un phénomène qui transforme les relations familiales en profondeur.
Il ne s’agit plus d’un simple usage des écrans, mais d’une modification radicale des rapports parents-enfants, où la technologie remplace peu à peu l’écoute réelle, la tendresse et l’échange authentique.
Loin d’être de simples outils de communication, les smartphones sont devenus des filtres entre les générations. Derrière chaque message envoyé se cache parfois une émotion qui n’ose plus être exprimée de vive voix. Le drame est là : des enfants qui apprennent à dire « je vais bien » avec un emoji, mais ne savent plus poser des mots sur leurs peurs, leurs colères, leurs envies. Ce sont des relations en mode « instantané » qui désapprennent la patience, l’attention, le regard bienveillant.
Certes, le numérique offre des opportunités : co-visionner un dessin animé, partager un mème, initier un dialogue sur un sujet difficile. Mais peut-on vraiment s’en satisfaire ? Ce qui est présenté comme une évolution des échanges familiaux cache un désengagement progressif. Les parents débordés trouvent dans la messagerie un ersatz de présence, tandis que les enfants, livrés à leurs écrans, construisent leur autonomie dans une bulle algorithmique.
On ne construit pas un lien solide à coups de notifications. Un « tu rentres à quelle heure ? » envoyé par SMS ne remplace pas une conversation autour d’un repas. Un cœur bleu sur une photo n’a pas la même force qu’un câlin ou qu’un « je suis fier de toi ». En normalisant les échanges virtuels, on dévalue la profondeur des relations humaines. Pire encore : on s’habitue à cette distance, comme si elle était inévitable, voire souhaitable.
Les enfants n’ont pas besoin d’un écran pour exister aux yeux de leurs parents. Ils ont besoin d’attention, de présence, de chaleur humaine. Il ne s’agit pas de diaboliser la technologie, mais de repenser la place qu’on lui accorde dans nos vies. Recréer des moments vrais, redonner de la valeur à la parole échangée les yeux dans les yeux, c’est une responsabilité que chaque adulte devrait assumer avec courage. Car derrière chaque message, il y a un enfant qui attend bien plus qu’une réponse rapide : il attend d’être entendu.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Maodo Séne.
Mis en ligne : 23/05/2025
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