Des soldats maliens accusés : Massacre à Diafarabé - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Maimouna | Publié le 25/05/2025 02:05:30

Des soldats maliens accusés : Massacre à Diafarabé

Le 12 mai 2025, entre 23 et 27 civils ont été arrêtés sur le marché de Diafarabé, dans le centre du Mali, par des militaires maliens, avant d’être sommairement exécutés et enterrés dans des fosses communes. Ce sont les révélations glaçantes faites ce mercredi 21 mai par deux organisations de défense des droits humains, qui dénoncent un nouveau massacre de civils dans un contexte de lutte armée contre les groupes jihadistes.

Maître Drissa Traoré, secrétaire général de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), joint par RFI, s’est dit profondément préoccupé par ces exécutions extrajudiciaires :

« Nous ne contestons pas que l’armée combatte les jihadistes, qui commettent des crimes affreux. Ce que nous dénonçons ici, c’est la manière de procéder : des civils, non-combattants, ont été arrêtés, transportés, puis exécutés sommairement. »

L’avocat accuse ouvertement l’armée d’avoir agi en toute connaissance de cause, en s’en prenant à des personnes désarmées.

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« Ce sont des militaires maliens qui ont arrêté des personnes qui ne sont pas armées, puis les ont exécutées. Cela viole toutes les règles, même celles de la guerre. N’oublions pas qu’il s’agit d’une armée républicaine, censée protéger ces populations civiles. »

Au cœur de ces accusations se dessine un ciblage ethnique. Selon les témoignages recueillis par les ONG, toutes les victimes seraient issues de la communauté peule. Celle-ci est souvent soupçonnée de collusion avec les groupes jihadistes, en particulier la katiba Macina, affiliée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim), lié à Al-Qaïda. Actif dans le centre du pays, ce groupe armé avait revendiqué fin mars une embuscade sanglante contre une patrouille de l’armée malienne et de ses supplétifs dozos, entre Diafarabé et Nouh-Bozo.

« Les témoignages que nous avons recueillis indiquent que seuls des Peuls ont été arrêtés et exécutés à Diafarabé », insiste Maître Traoré. « On assiste à une sorte de vendetta, une vengeance contre un groupe ethnique assimilé, à tort, aux jihadistes. Or tous les Peuls ne sont pas des terroristes. »

Trois jours après les faits, les proches des victimes ont été autorisés, le 15 mai, à se rendre sur le lieu présumé des exécutions, accompagnés de chefs traditionnels et de conseillers municipaux. C’est là qu’ils ont découvert les fosses communes et procédé à l’inhumation de leurs proches.

Face à l’indignation croissante, l’armée malienne a fini par annoncer l’ouverture d’une enquête. Mais dans le même souffle, elle a dénoncé des accusations « instrumentalisées à des fins subversives ». Une ligne de défense désormais classique du régime de transition, qui accuse régulièrement ONG et médias internationaux de « politiser les droits humains » pour discréditer les forces armées.

Article écrit par : Emmanuel Ndour
Mis en ligne : 25/05/2025

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