Depuis la reprise de l’offensive israélienne le 17 mai, Gaza vit sous un ciel de feu. Hôpitaux, écoles, camps de réfugiés, habitations : plus aucun espace n’échappe à la furie des bombardements. Hier encore, 22 personnes ont péri dans des frappes aériennes, portant à des dizaines de milliers le nombre de victimes depuis le début du conflit.
À Londres, The Guardian rapporte une tragédie insoutenable, celle d’un couple de médecins gazaouis fauchés par la guerre. Vendredi matin, comme chaque jour, la docteure Alaa al-Najjar, pédiatre au complexe médical Nasser de Khan Younis, quitte son foyer en embrassant ses dix enfants. Le plus jeune, Sayden, six mois, dort encore. Inquiète mais déterminée, elle rejoint son poste pour soigner d’autres enfants blessés par les raids israéliens. Elle ignore alors que c’est la dernière fois qu’elle voit ses enfants vivants.
Quelques heures plus tard, ce sont les corps calcinés de sept de ses enfants qui arrivent dans son hôpital. Deux autres, dont celui du petit Sayden, sont toujours sous les décombres. Seuls son mari, Hamdi al-Najjar, également médecin, et un de leurs enfants ont survécu. Tous deux sont actuellement hospitalisés. Un drame glaçant, parmi tant d’autres.
Le ministère de la Santé de Gaza avance un bilan accablant : près de 54 000 morts, dont plus de 16 000 enfants, depuis le début des frappes israéliennes. Un chiffre qui témoigne de l’ampleur de la catastrophe humanitaire.
Dans un tout autre registre, Le Monde publie des extraits poignants du livre Un historien à Gaza, signé Jean-Pierre Filiu. L’historien, spécialiste du Proche-Orient, y livre le récit brut de ses 32 jours passés dans l’enclave assiégée avec Médecins sans frontières. « Rien ne me préparait à ce que j’ai vu et vécu à Gaza. Rien de rien. De rien », écrit-il. Son témoignage, rare, documente l’indicible – les souffrances, les ruines, les cris étouffés d’une population à l’agonie – tout en inscrivant le drame actuel dans une longue histoire de blocus, de colonisation et de guerre. Un récit d’autant plus précieux que la presse étrangère est toujours tenue à l’écart par les autorités israéliennes.
En Israël même, des voix s’élèvent. Ce matin, le quotidien d’opposition Haaretz sonne l’alarme : « Ce qu’Israël fait à Gaza est inexplicable, injustifiable. (…) Cette guerre est devenue une campagne de vengeance incontrôlée, sans objectif clair, sans soutien international. Et elle se poursuit au prix de la vie des otages. » Le journal appelle l’opinion publique à se réveiller, à crier son refus d’un massacre « inconcevable de civils, y compris d’enfants, par la famine ou par les bombes ».
Même The Jerusalem Post, habituellement favorable au gouvernement, se fait plus inquiet. Pour le quotidien, le temps joue contre Israël. « Plus la guerre dure, plus les civils meurent, plus la réputation internationale d’Israël s’effondre. » Et d’ajouter : « Israël doit décider : continuer à hésiter ou agir fermement pour vaincre le Hamas et ramener les otages. »
À Gaza, chaque minute compte. Le fracas des bombes couvre encore les appels à la paix. Mais jusqu’à quand ?
Article écrit par : Mariama Ba
Mis en ligne : 26/05/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.
