Dans un pays où l’accès à l’éducation reste un combat quotidien pour des milliers de jeunes filles, notamment dans les régions rurales comme Kolda, l’annonce de l’achat de véhicules de luxe pour les députés sonne comme une gifle infligée à la dignité nationale. Le président de l’Assemblée nationale, El Malick Ndiaye, justifie cette dépense en invoquant un prétendu besoin de “respectabilité” pour ses collègues parlementaires.
Ce discours révèle un décalage inquiétant entre les priorités du pouvoir législatif et les urgences sociales du peuple sénégalais.
Pendant que les représentants du peuple s’apprêtent à rouler dans des 4×4 rutilants, des centaines d’élèves, en majorité des filles, étudient dans des abris provisoires, sur des bancs cassés, sans eau ni toilettes fonctionnelles. La Première Dame, Marie Khone Faye, l’a constaté elle-même lors de sa tournée à Kolda. Elle y a salué les efforts pour promouvoir l’éducation des jeunes filles, tout en distribuant des kits d’hygiène menstruelle pour lutter contre le décrochage scolaire. Ce contraste est insoutenable. L’État montre d’un côté sa bonne volonté, et de l’autre son indifférence la plus cynique.
Comment justifier que des milliards soient engagés pour le confort de quelques élus alors que des enfants abandonnent l’école faute de conditions minimales pour apprendre ? Le vrai respect du peuple ne se mesure pas à la cylindrée des véhicules de ses députés, mais à la qualité de vie et d’éducation qu’on garantit à ses enfants. Ce genre de dépense ostentatoire relève plus de la provocation que de la gouvernance.
Il faut cesser de légitimer l’indécence sous prétexte de prestige institutionnel. Les Sénégalais ne demandent pas à leurs élus d’être escortés comme des chefs d’État, mais d’agir comme de véritables serviteurs de la nation. Chaque franc investi dans un véhicule de luxe est un franc volé à l’école publique, à la santé des jeunes filles, à la justice sociale. Tant que la priorité ne sera pas donnée à l’humain plutôt qu’à l’apparat, les inégalités continueront de se creuser.
Le Sénégal n’a pas besoin de députés qui roulent sur l’or, mais d’élus qui marchent aux côtés de ceux qu’ils prétendent représenter. La vraie dignité est dans l’action concrète, dans la défense des droits fondamentaux, et non dans le confort automobile. L’avenir d’une nation ne se construit pas avec des 4×4, mais avec des écoles solides, des élèves épanouis et une justice sociale assumée.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : André Sambou.
Mis en ligne : 27/05/2025
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