Le récent report des surtaxes douanières américaines à l’égard de l’Union européenne ne doit pas être vu comme un apaisement durable, mais comme une manœuvre tactique de Donald Trump. La suspension annoncée, fruit d’un échange téléphonique avec Ursula von der Leyen, sonne davantage comme un sursis concédé que comme une avancée diplomatique.
En réalité, l’UE continue de subir, sans levier clair, les revirements d’une présidence américaine imprévisible, dictée par le rapport de force plus que par l’équilibre mutuel.
Ce jeu de pressions tarifaires n’est pas nouveau. Il illustre une asymétrie criante dans les relations transatlantiques, où l’Europe se retrouve régulièrement dans la position du partenaire contraint de réagir, plutôt que de proposer. Trois vagues de droits de douane imposées ces derniers mois sur l’acier, l’aluminium et les automobiles en sont la preuve. Et pendant que Bruxelles temporise, Washington agit, impose, recule ou avance, selon ses seuls intérêts.
Malgré les déclarations optimistes de la Commission européenne, la réalité économique parle d’elle-même. Le déséquilibre commercial, bien qu’interprété différemment selon les sources, demeure un motif de chantage pour l’administration Trump. L’Europe, championne de la réglementation, peine à traduire sa puissance économique en poids politique. Faute d’unité politique forte et de réels instruments de coercition commerciale, elle reste vulnérable face à une stratégie américaine fondée sur l’unilatéralisme et la menace.
Ce qui frappe dans cet épisode, c’est l’absence d’une posture ferme et cohérente côté européen. Des listes de contre-mesures sont prêtes, des délégations partent en mission, mais le fond du problème demeure : la stratégie européenne semble construite sur l’attente de l’autre, sans vision affirmée. La logique de négociation actuelle ne repose pas sur une égalité d’engagements mais sur un rapport déséquilibré où l’Union espère limiter les dégâts plutôt que conquérir des marges de manœuvre.
Face à cette dynamique, l’UE devrait sortir de sa position défensive et définir des lignes rouges claires, adossées à une volonté commune de souveraineté économique. Il ne s’agit plus de composer avec les caprices d’un partenaire américain redevenu agressif, mais d’affirmer une capacité d’initiative crédible. Tant que Bruxelles agira en spectatrice d’une pièce jouée depuis Washington, elle restera piégée dans le rôle du partenaire subordonné dans une relation qui, pourtant, se prétend parmi les plus étroites au monde.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Mado Gueye.
Mis en ligne : 28/05/2025
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