Trois hommes, trois chefs d’État — ou anciens —, et une même ombre portée : celle du chaos mondial. Ce matin, dans les colonnes de la presse internationale, Donald Trump, Vladimir Poutine et Benyamin Netanyahou sont une nouvelle fois scrutés, critiqués, parfois dénoncés, chacun incarnant à sa manière les dérives du pouvoir dans un monde en perte de repères.
À Beyrouth, le quotidien L’Orient-Le Jour dresse un constat alarmant : « Infiniment meurtrière est la déraison dont font montre les hommes qui mènent le monde. » Une planète secouée par les conflits, les menaces nucléaires, les compétitions économiques féroces — et trois visages, omniprésents, qui cristallisent cette folie.
Pour le journal libanais, Donald Trump illustre à lui seul cette époque où l’absurde devient la norme : admirateur affiché de Vladimir Poutine, le voilà aujourd’hui à le qualifier de « fou », coupable à ses yeux d’avoir trop intensifié l’usage des drones en Ukraine.
Mais le journal ne s’arrête pas là et interroge : à partir de combien de morts une entreprise de destruction devient-elle une pathologie clinique ? Et combien de victimes supplémentaires faudra-t-il à Gaza pour que Joe Biden qualifie Netanyahou de dangereux extrémiste, lui qui dépasse déjà les 50 000 morts selon certaines estimations ?
À Londres, The Guardian tranche dans le vif. Le quotidien britannique ose une comparaison frontale : « Bibi et Vlad : les hommes les plus recherchés au monde. » Poutine et Netanyahou, deux dirigeants qui brandissent le même épouvantail : celui du nazisme. L’un à Gaza, l’autre en Ukraine. Une rhétorique martelée pour justifier, selon le journal, des campagnes militaires sanglantes, des pertes humaines considérables, et un isolement croissant sur la scène internationale.
Tous deux sont accusés d’avoir transformé leurs pays en parias, utilisant le conflit pour se maintenir au pouvoir, agitant le patriotisme pour faire taire les voix dissidentes. Le Guardian va plus loin : « Ils font la guerre par peur de la paix. » Un constat glaçant sur l’état de deux démocraties en souffrance.
De son côté, The New York Times pointe à nouveau Donald Trump, cette fois sous l’angle économique. Pour le quotidien américain, l’ancien président partage bien plus qu’une vision autoritaire avec Netanyahou : une même stratégie pour saboter les institutions démocratiques, affaiblir la justice, et concentrer pouvoir et argent entre les mains d’une minorité.
Trump, dépeint comme un homme d’affaires plus que d’État, viserait avant tout son propre enrichissement, redistribuant les richesses du bas vers le haut. Netanyahou, lui, tenterait d’échapper à ses affaires judiciaires en renforçant les ultra-orthodoxes et les colons. En ligne de mire : les élections à venir, qui pourraient reconfigurer l’avenir démocratique de deux nations majeures.
Le Figaro, quant à lui, analyse la posture trouble de Trump vis-à-vis de Poutine. « Face à Poutine, Trump le floué consentant », titre le quotidien parisien. Selon lui, Trump menace désormais de se retirer des affaires européennes, affaiblissant ainsi le soutien occidental à l’Ukraine et offrant à Moscou un boulevard stratégique.
Une question persiste : Trump est-il simplement naïf face au vétéran du Kremlin ou se joue-t-il de l’Europe, au profit d’intérêts communs inavoués ? Le journal évoque une possible connivence, sur fond d’hostilité partagée envers le Vieux Continent. Et de prévenir : à Moscou comme à Pékin, Trump est perçu comme l’accélérateur du déclin américain — un allié idéal pour ceux qui ne souhaitent que sa chute.
Trois visages, une même inquiétude. La presse mondiale s’alarme : ces figures politiques polarisantes ne sont pas seulement des acteurs de l’histoire contemporaine, elles en sont les catalyseurs les plus inquiétants. À travers leurs décisions, leurs postures et leurs guerres, c’est l’équilibre du monde qui vacille. Reste à savoir si les sociétés qu’ils prétendent diriger auront encore la force de leur résister.
Article écrit par : Mariama Ba
Mis en ligne : 29/05/2025
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