Ce qui se joue actuellement à la frontière entre le Bénin et le Niger dépasse une simple querelle diplomatique. En brandissant des accusations aussi graves qu’infondées, le régime militaire de Niamey tente de détourner l’attention des véritables urgences sécuritaires qui gangrènent le pays. Accuser un voisin engagé dans la lutte contre le terrorisme de former des jihadistes relève d’une stratégie de diversion grossière, aux relents populistes.
Pendant que les forces béninoises tombent au front contre les groupes armés, on les soupçonne de complicité. C’est une insulte à leur engagement et à leur sacrifice.
Le général Tiani, plutôt que d’assumer ses responsabilités face à l’effondrement sécuritaire et économique du Niger, préfère désigner des ennemis extérieurs. Le Bénin, du fait de sa position géographique et de ses choix souverains, devient alors un prétexte commode. Et pendant que ces accusations pleuvent, les attaques jihadistes se multiplient, fauchant des dizaines de soldats nigériens. Le pouvoir militaire, enfermé dans ses certitudes, refuse de regarder la réalité en face : c’est à l’intérieur que le feu couve, et non chez le voisin.
Cotonou, de son côté, a fait preuve d’une retenue admirable. Au lieu de tomber dans le piège de l’escalade verbale, le Bénin a réaffirmé son attachement à la coopération régionale, à la paix et au respect de la souveraineté. Mais ne nous y trompons pas : cette posture n’est pas un signe de faiblesse. Le Bénin a prouvé sa résilience, en maintenant une croissance remarquable malgré l’étouffement économique que représente la fermeture de la frontière. La dignité n’empêche pas la fermeté. Et cette fermeté, elle se traduira par la défense claire et sans concession de la souveraineté béninoise.
À force de voir des complots partout, le régime nigérien s’isole et compromet les espoirs d’intégration régionale. Le rejet de partenaires historiques, la rupture avec les mécanismes de dialogue sous-régionaux et la désignation d’ennemis imaginaires ne renforceront ni la paix ni le développement. Ce sont les peuples qui paient le prix de cette obstination : des familles séparées, des économies locales paralysées, des communautés déchirées. Le nationalisme autoritaire n’est pas une solution, c’est une impasse.
Le Bénin n’a pas à se justifier d’exister librement. Il n’a pas à s’excuser de coopérer avec qui il veut, ni à se laisser intimider par un pouvoir qui instrumentalise la menace terroriste à des fins politiques. Ce qui est exigé aujourd’hui, c’est le respect mutuel et la responsabilité régionale. Et si certains régimes préfèrent l’isolement à la coopération, qu’ils n’entraînent pas les autres dans leur chute. Les peuples méritent mieux que des mensonges d’État pour masquer des échecs militaires.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Abdoul Aziz Traore.
Mis en ligne : 03/06/2025
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