C’est une image inédite qui fait la Une de plusieurs médias congolais : Félix Tshisekedi et Martin Fayulu se sont enfin rencontrés. Trois jours à peine après avoir exprimé son souhait d’échanger directement avec le président de la République, Martin Fayulu a été reçu ce jeudi 6 juin au Palais de la Nation. Une rencontre aussi symbolique que stratégique, dans un contexte national marqué par l’instabilité et la pression sécuritaire.
Le trihebdomadaire Africanews rapporte que cette entrevue, à huis clos, a duré près de deux heures. Une accolade chaleureuse a marqué le début des discussions, laissant entrevoir une volonté commune de tourner une page conflictuelle. L’opposant a plaidé pour un sursaut patriotique face aux menaces de fragmentation du territoire et a appelé à une union sacrée, qu’il a baptisée le « camp de la patrie ».
Du côté d’Econews, on perçoit cette rencontre comme un tournant potentiel : « L’avenir du pays pourrait bien se jouer dans cette alliance en gestation ». Mais le journal reste prudent : la politique congolaise, rappelle-t-il, a souvent été émaillée de tentatives de réconciliation sans lendemain, de dialogues avortés et d’accords non respectés.
Pour que cette démarche ait une portée réelle, Econews insiste sur la nécessité d’« engagements concrets ». Fayulu, fidèle à ses convictions, milite pour un dialogue national inclusif, encadré par les Églises catholique et protestante, un schéma déjà expérimenté avec un certain succès dans le passé. Tout dépend désormais, écrit le journal, de la volonté du pouvoir en place. Une acceptation de cette médiation ecclésiastique par Tshisekedi serait perçue comme un geste fort en faveur de l’apaisement.
Le bihebdomadaire Ouragan, de son côté, souligne la constance de Fayulu. Celui qui revendique toujours sa victoire à la présidentielle de 2018 n’a jamais reconnu la légitimité de Tshisekedi. Mais les défis actuels du pays semblent avoir ébranlé ses certitudes, le poussant à privilégier l’intérêt supérieur de la Nation. « Le geste ne scelle pas une entente, mais trace une voie possible », écrit Ouragan. Une voie que le chef de l’État ne peut ignorer sans risquer d’être tenu pour responsable du blocage politique.
Si aucun accord concret ne devait émerger de cette rencontre, l’histoire retiendrait que Fayulu aura tendu la main et porté la voix des Églises, sans contrepartie.
Autre fait marquant : la République démocratique du Congo vient d’être élue membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies pour un mandat de deux ans. Le Potentiel voit dans cette nomination une opportunité diplomatique importante, observant de près la manière dont Kinshasa utilisera cette tribune pour faire avancer ses priorités nationales et régionales.
Pendant ce temps, la décision du CSAC (Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication) d’interdire la couverture médiatique des activités du PPRD et de Joseph Kabila continue de provoquer une vive polémique. Forum des ASS parle d’un climat de plus en plus autoritaire.
La réaction la plus tranchée est venue de Tshivis Tshivuadi, secrétaire général de l’ONG Journaliste en danger (JED). Il fustige une « dérive autoritaire » et dénonce une attaque directe contre les libertés fondamentales. « Cette décision n’a été prise que par cinq membres sur les quinze que compte le CSAC, en violation flagrante du règlement intérieur », dénonce-t-il. Il accuse par ailleurs le président de l’organe, Christian Bosembe, de gérer l’institution comme un instrument politique au service de ses intérêts personnels.
Pour Tshivuadi, cette mesure risque de tendre davantage un climat politique déjà fragile. Il conclut avec fermeté : « Cette dérive doit cesser. La liberté de la presse n’est pas négociable ».
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 07/06/2025
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