La 137e édition du pèlerinage marial de Popenguine se tiendra de samedi à lundi, perpétuant une tradition religieuse profondément enracinée dans l’histoire de la Congrégation du Saint-Esprit, plus connue sous le nom des Spiritains.
À l’origine de cette initiative, ces missionnaires ont longtemps parcouru la région avant d’arrêter leur choix sur un site alors désigné sous le nom de « Bop Jinné », ou « Tête du génie », devenu depuis un haut lieu du culte catholique.
Dans un entretien accordé à la presse en amont de cette célébration, Frère Prospère Joseph Carvalho, conservateur du sanctuaire, est revenu sur les origines de ce site emblématique. Selon lui, le déclic serait venu d’un évêque, émerveillé par la beauté naturelle et la position dominante du lieu, qui décida en 1888 d’en faire un centre de pèlerinage dédié à la Vierge Marie. Ce choix marqua le début d’une tradition qui, au fil du temps, a pris une dimension internationale.
« À l’époque, seuls quelques fidèles des communautés de la Petite Côte prenaient part au rassemblement. Ils étaient moins d’une centaine », rappelle Frère Carvalho. Aujourd’hui, le pèlerinage connaît un tout autre visage : en 2024, ce sont plus de 220 000 marcheurs qui ont convergé vers le sanctuaire, témoignant de l’ampleur prise par cet événement spirituel au fil des décennies.
L’essor du pèlerinage doit beaucoup à l’introduction de la marche-pèlerinage, officiellement lancée en 1981 sous l’impulsion du colonel Pierre Faye. Ce format, très prisé des jeunes, a permis de redynamiser la participation, en transformant le simple déplacement en car en un véritable cheminement spirituel à pied, soutenu aujourd’hui par plusieurs partenaires et sponsors.
La renommée croissante du sanctuaire attire désormais des fidèles au-delà des frontières sénégalaises. Cette année, des délégations venues de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, dont le Mali pour la première fois, ont pris part à l’événement.
Pour Frère Carvalho, l’attachement des pèlerins au site tient à une dimension mystique difficile à expliquer. « Popenguine reste un village reculé, même y trouver du poisson n’est pas évident. Et pourtant, il y a ici une force d’attraction incroyable. Certains vont jusqu’à acquérir des maisons rien que pour vivre à proximité de Notre-Dame de Popenguine », confie-t-il.
L’histoire du sanctuaire prend racine dans une visite décisive de Monseigneur Picarda (1845-1889), alors vicaire apostolique du Sénégal. Ce prélat d’origine bretonne, ancien missionnaire aux Antilles, découvre Popenguine après une cérémonie de baptême à Guéréo. Séduit par la vue imprenable du Cap de Naze, il aurait alors déclaré : « Quel magnifique site pour un sanctuaire à la Vierge ! »
S’inspirant du sanctuaire de Notre-Dame de la Délivrande à Bayeux, en France, Monseigneur Picarda nourrit dès lors le projet d’ériger en terre africaine un lieu de dévotion mariale. Le nom même de Popenguine, interprété en wolof comme « Tête du génie » ou « Tête du serpent », renforce la symbolique biblique de la Vierge écrasant la tête du serpent.
C’est ainsi qu’est né le sanctuaire marial de Notre-Dame de la Délivrande, aujourd’hui au cœur de la ferveur de milliers de croyants.
Article écrit par : Emilie Dème.
Mis en ligne : 07/06/2025
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