Le 6 juin 2025, l’armée malienne s’est retirée du camp stratégique de Boulkessi, dans le centre du pays, après avoir subi deux attaques meurtrières en moins d’une semaine. Plus de trente soldats ont été tués, et d’autres sont portés disparus. Ce nouvel épisode dramatique vient confirmer une réalité accablante : l’État malien est incapable d’assurer la sécurité de ses propres soldats, encore moins celle de sa population. Et c’est ce constat d’impuissance que nous dénonçons aujourd’hui, avec force.
Depuis plusieurs années, le Mali s’enfonce dans une crise sécuritaire sans précédent. Après le retrait de la force française Barkhane, les autorités maliennes avaient promis de reprendre le contrôle du territoire national, d’assurer une réponse « souveraine » face au terrorisme. Aujourd’hui, le pays est morcelé, ses régions du Nord et du Centre livrées aux groupes jihadistes, et ses forces armées en débandade. Le retrait de l’armée malienne de Boulkessi, jadis symbole d’une présence militaire forte dans le centre du pays, illustre un abandon pur et simple.
Ce retrait de l’armée malienne est le symbole d’un échec : celui d’un État qui ne dispose ni des moyens, ni de la stratégie, ni du leadership nécessaires pour défendre son territoire. Les forces armées maliennes sont régulièrement la cible d’attaques qui laissent derrière elles des dizaines de morts, dans l’indifférence quasi totale des autorités de transition. L’armée manque cruellement d’équipements modernes, de renseignement efficace et de coordination. Pire encore, les décisions stratégiques semblent improvisées, réactives plutôt que proactives, souvent dictées par la panique plus que par une vision à long terme.
Depuis la fin de la coopération avec les forces internationales, notamment françaises et onusiennes, les autorités de Bamako clament haut et fort avoir recouvré leur souveraineté. Mais à quel prix ? Le retrait de l’armée malienne à Boulkessi démontre que cette souveraineté est purement rhétorique. Le pouvoir malien, désormais allié à des mercenaires russes, n’a fait que déplacer sa dépendance. Le peuple malien, quant à lui, ne voit aucune amélioration. Les morts s’accumulent, les villages sont désertés, et les jihadistes gagnent du terrain.
Le Burkina Faso, également confronté aux groupes armés, a entrepris une réforme en profondeur de sa stratégie militaire en misant sur la mobilisation populaire, la sécurisation des axes routiers et la création de zones de défense locales. Si les défis y demeurent immenses, une volonté politique réelle semble y émerger. Le Mali, en revanche, s’enfonce dans l’opacité, l’autoritarisme et le repli nationaliste sans résultats concrets.
Assez de morts ! Assez d’abandons ! Le peuple malien ne peut plus se contenter de discours creux et de symboles de souveraineté vide de sens. Exigeons des comptes, dénonçons l’incompétence criminelle de ceux qui dirigent, refusons que l’armée soit utilisée comme chair à canon pour masquer les lacunes d’un régime de plus en plus autiste. Les Maliens méritent un État qui protège, pas un État qui fuit.
Face à l’insécurité, l’inaction n’est plus une option. Le retrait de l’armée malienne ne doit pas devenir la norme : il doit marquer un électrochoc pour une prise de conscience nationale. La sécurité est un droit, pas un privilège réservé aux élites retranchées à Bamako.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Pathé Ciss.
Mis en ligne : 07/06/2025
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