Lors de la 137ᵉ édition du pèlerinage marial de Popenguine, Monseigneur Victor Ndione, évêque du diocèse de Nouakchott, a délivré une homélie d’une profondeur remarquable. En mêlant citations bibliques et coraniques, en appelant à l’espérance active et à l’unité des croyants, il a offert un message rare, porteur d’un immense espoir. Face à un monde fracturé, nous saluons avec force ce discours, qui incarne à la fois une lucidité spirituelle et un engagement humaniste.
Dans un climat mondial tendu, marqué par des conflits, la montée des extrémismes et l’instrumentalisation des religions, le Sénégal fait figure d’exception heureuse. À Popenguine, comme dans tant d’autres lieux du pays, les musulmans accompagnent leurs frères chrétiens au pèlerinage. Les deux communautés partagent fêtes, deuils et espoirs. Cette fraternité interreligieuse sénégalaise, que Monseigneur Ndione a magnifiée, n’est pas un simple fait social : c’est une véritable culture du vivre-ensemble.
Face aux souffrances du monde guerres, migrations, catastrophes, l’évêque aurait pu se contenter d’un constat accablant. Il a préféré, avec grandeur, puiser dans la foi une énergie de résistance. En rappelant que « rien n’est impossible à Dieu » et que l’espérance chrétienne pousse à l’action, il a refusé toute résignation. Il s’agit là d’une spiritualité vivante, ancrée dans l’engagement concret.
Mais c’est surtout sa citation du verset 82 de la sourate Al-Maïda qui donne à cette homélie une portée universelle. En évoquant ce verset coranique qui loue les chrétiens pour leur humilité et leur proximité avec les croyants musulmans, Mgr Ndione a fait plus qu’un geste de tolérance : il a affirmé une vérité théologique partagée.
Le Sénégal, terre de la Teranga, est souvent cité en exemple pour sa stabilité démocratique. Mais il mérite également d’être reconnu pour sa maturité religieuse. Là où ailleurs les appartenances spirituelles servent de prétexte à la division, ici elles nourrissent la solidarité. L’image de musulmans contribuant à l’organisation du pèlerinage chrétien à Popenguine est le reflet de cette harmonie profonde.
Ce modèle mérite d’être connu et imité. À travers l’Afrique, en Asie ou au Moyen-Orient, des tensions confessionnelles persistent. Pourtant, comme le montre l’expérience sénégalaise, une cohabitation pacifique et même fraternelle est possible. Il ne s’agit pas d’angélisme, mais d’un travail patient, porté par des leaders spirituels tels que Mgr Ndione, mais aussi par les familles, les écoles, les confréries religieuses et la société civile.
Ce message ne doit pas rester confiné à un sanctuaire ou à une homélie. Il doit infuser dans les consciences, inspirer les décisions politiques, éducatives et sociales. C’est un appel à dépasser les replis identitaires, à faire de la foi non une barrière mais un pont. Dans un monde où les clivages s’exacerbent, les mots de Mgr Ndione doivent faire école : musulmans et chrétiens peuvent et doivent agir ensemble pour bâtir un monde de justice et de paix.
Le pèlerinage de Popenguine, grâce à des voix comme celle de Mgr Ndione, s’affirme non seulement comme un événement religieux, mais comme un témoignage puissant de ce que le dialogue interreligieux peut produire de meilleur. Dans une époque troublée, il nous rappelle que la foi, loin d’être un facteur de division, peut être une force d’unité. C’est pourquoi nous devons préserver, promouvoir et exporter ce modèle sénégalais de coexistence. Il est une lumière dans les ténèbres de l’intolérance.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ousmane Bâ.
Mis en ligne : 10/06/2025
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