L'hymne creux de l'AES, une diversion face à l'échec : Burkina, Mali et Niger - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Maimouna | Publié le 10/06/2025 03:06:30

L'hymne creux de l'AES, une diversion face à l'échec : Burkina, Mali et Niger

Le 9 juin 2025, un événement a été présenté comme un grand moment de mobilisation patriotique dans les palais présidentiels du Burkina Faso, du Mali et du Niger : pour la première fois, l’hymne de l’Alliance des États du Sahel (AES), Sahel Benkan, a été joué officiellement. Le président de transition malien, le général Assimi Goïta, accompagné des hauts responsables militaires, a célébré cette cérémonie comme un acte fédérateur face à la menace jihadiste.

Mais derrière cette mise en scène solennelle, il convient de dénoncer une manœuvre grossière de propagande qui tente de faire oublier les échecs patents des gouvernements en place.

Depuis plusieurs années, le Sahel est le théâtre d’une crise sécuritaire et humanitaire profonde. Les attaques jihadistes se multiplient, plongeant des millions de citoyens dans la peur, la pauvreté et la précarité. Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ne parviennent plus à assurer la sécurité de leurs populations, et les tentatives politiques pour stabiliser la région échouent systématiquement. Pourtant, au lieu de proposer des solutions concrètes et efficaces, les dirigeants préfèrent agiter des symboles : hymne, drapeaux, slogans martiaux… Une stratégie qui relève plus du spectacle que de la politique de terrain.

L’hymne de l’AES, avec son refrain martelant que « soldats, nous le sommes tous », n’est qu’un leurre. Cette rhétorique militariste et unificatrice ne résout rien des véritables problèmes. Loin d’unir les peuples, elle tente de légitimer des régimes en crise, en habillant leur incapacité de beaux discours et d’images grandiloquentes. Ces dirigeants, souvent issus de juntes militaires ou de gouvernements de transition fragiles, se réfugient dans ces symboles pour masquer leur incompétence face à la montée de la violence et à l’explosion de la misère.

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Il est particulièrement inquiétant que ce déploiement symbolique coïncide avec une aggravation de la situation sur le terrain. Le simple fait de jouer un hymne ne sauvera ni les villages abandonnés par l’État, ni les familles déchirées par les attaques répétées. Ce genre d’initiative ressemble à une opération de diversion destinée à détourner l’attention des citoyens des urgences vitales : sécurité, développement économique, justice sociale.

Illusion de légitimité : Ces cérémonies servent avant tout à renforcer le pouvoir des dirigeants en place, souvent contestés et discrédités. Elles sont un outil pour manipuler l’opinion publique.

Absence de résultats concrets : Pendant que les hymnes retentissent dans les palais, les populations souffrent toujours de l’insécurité, de la faim et de la déscolarisation. La symbolique ne doit pas remplacer l’action.

Détournement de l’attention : En focalisant sur des discours martiaux et des images patriotiques, on évite d’aborder les vraies questions politiques et économiques, y compris la responsabilité des gouvernements et la nécessité d’une vraie réforme.

Ce recours au symbolisme creux n’est pas nouveau ni propre au Sahel. Dans plusieurs pays en crise, de l’Afrique à l’Amérique latine, les régimes autoritaires ou fragiles utilisent hymnes, drapeaux, et slogans pour se donner une image de force et d’unité, alors qu’en réalité, ils s’enlisent dans le chaos et l’inefficacité. Ces pratiques, loin d’apporter la stabilité, contribuent à l’illusion et à la désillusion des citoyens.

L’hymne de l’AES ne doit pas devenir un masque derrière lequel se cachent les graves défaillances des gouvernements du Sahel. Si la sécurité et le développement sont les véritables défis, alors ce ne sont pas des symboles ou des discours guerriers qui sauveront la région, mais des politiques claires, courageuses et transparentes, menées avec la participation active des populations.

Rejetons cette propagande symbolique et d’exigeons des actions concrètes : renforcement des capacités militaires, lutte contre la pauvreté, réformes politiques profondes et respect des droits humains. Se contenter de chanter l’unité dans des palais hermétiques, c’est tourner le dos à la souffrance des peuples et sceller l’échec collectif.

Citoyens du Sahel, ne vous laissez pas berner par ces hymnes creux et ces drapeaux flottants ! Exigez des gouvernements qu’ils arrêtent les discours vides et se mettent au travail pour garantir sécurité, dignité et justice. L’avenir de la région ne se joue pas dans une cérémonie, mais dans la réalité quotidienne des hommes et femmes qui la composent. Le temps du spectacle est révolu, place à l’action véritable.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Abdoulaye Sow.
Mis en ligne : 10/06/2025

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1 commentaires
kaly
il se croi etre des sauveur alors qu'ils se trompent
Le 2025-06-10 15:47:29

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kaly
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