La Cour suprême du Sénégal a suspendu ce jeudi la notification de cessation de parution visant Public SN, média dirigé par la journaliste Aïssatou Diop Fall. L’annonce a été faite par son avocat, Me Abdou Dialy Kane, marquant un tournant majeur dans le bras de fer opposant certains médias indépendants au ministère de la Communication.
Selon Mamadou Ibra Kane, président du Conseil des éditeurs et diffuseurs de presse du Sénégal (CDEPS), la décision écrite de la haute juridiction est attendue en début de semaine prochaine, probablement mardi ou mercredi. Il estime que cette suspension constitue « incontestablement une victoire pour la liberté de la presse » dans un contexte marqué par des tensions croissantes entre le pouvoir exécutif et les organes de presse.
Pour rappel, le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique (MCTN) avait, en avril dernier, émis un arrêté ordonnant la cessation des activités de plusieurs médias jugés non conformes aux normes administratives. Parmi eux, Public SN, Public.sn et Public SN TV, appartenant à Aïssatou Diop Fall.
« Cet arrêté désormais illégal avait été notifié à une dizaine de médias », souligne Mamadou Ibra Kane. « Les conséquences ont été dramatiques : des entreprises contraintes de fermer, des dizaines de travailleurs brutalement mis au chômage. »
Un premier recours en référé avait été rejeté pour vice de forme, mais la détermination des avocats a fini par payer. « Avec cette décision, le droit a été dit », conclut le président du CDEPS.
Outre la suspension de l’arrêté, cette décision fragilise l’ensemble des actes posés par le ministère dans le cadre de sa politique de “régularisation” du paysage médiatique. Les fameuses listes « officielles » de médias reconnus par l’État, publiées fin 2024, pourraient désormais être considérées comme sans fondement légal.
« Tous les actes posés par le ministre de la Communication sont désormais caduques », affirme Mamadou Ibra Kane, tout en précisant que les termes exacts de la décision du juge seront communiqués dans les prochains jours.
Cette affaire relance le débat sur la liberté de la presse au Sénégal, à l’heure où de nombreux professionnels appellent à un dialogue sincère avec les autorités pour garantir un environnement médiatique libre, transparent et viable.
Article écrit par : Mariama Ba
Mis en ligne : 12/06/2025
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