La « Une » des journaux africains du jeudi 12 juin 2025 - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 12/06/2025 10:06:24

La « Une » des journaux africains du jeudi 12 juin 2025

Une imposante caravane baptisée Soumoud, signifiant « résilience », a quitté Tunis en début de semaine. Objectif : rallier Le Caire puis la ville d’al-Arish, à quelques encablures de Rafah, le point de passage clé vers la bande de Gaza. À bord, plusieurs milliers de militants venus du Maghreb, déterminés à franchir un nouveau cap dans leur solidarité envers la Palestine.

« Ce n’est plus le temps des simples marches et banderoles », confie le quotidien burkinabè Le Pays. Pour ses rédacteurs, « c’est une initiative courageuse qui témoigne de la fatigue face à l’inaction, et du désir d’agir concrètement ». Mais si la symbolique est forte, les incertitudes le sont tout autant.

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a donné le ton : l’armée a reçu l’ordre de bloquer l’entrée à Gaza à ce qu’il qualifie sans détour de « manifestants djihadistes ». Un avertissement clair, dans un contexte déjà tendu depuis l’affaire du Madleen, navire humanitaire intercepté en mer par l’armée israélienne.

En Tunisie, le journal La Presse affiche un pessimisme résigné. Pour l’un de ses éditorialistes, « aucune marche, ni flottille ne pourra briser l’étau sur la bande de Gaza ». Même son de cloche en Égypte, où Al-Ahram rappelle que les autorités exigent désormais une autorisation formelle pour tout convoi, évoquant des impératifs sécuritaires.

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Le Caire, justement, est au centre des inquiétudes. Algérie 360 s’interroge : « Al-Sissi cèdera-t-il ? » Une tension renforcée après l’arrestation, hier, de trois avocats algériens à l’aéroport. Ces interpellations, jugées directement liées à leur participation au convoi, font craindre une répression plus large. « Une mise en garde à peine voilée », commente le média, qui redoute une détérioration des relations diplomatiques entre Alger et Le Caire.

Dans une tout autre partie du continent, le Burundi vient de tourner une nouvelle page électorale… sans surprise. Selon les résultats proclamés mercredi par la Commission électorale nationale indépendante (Céni), le parti au pouvoir, le CNDD-FDD, s’est emparé de l’intégralité des 100 sièges en jeu lors des législatives du 5 juin.

Des scores que certains qualifient de « brejnéviens », ironise le journal Iwacu, qui s’indigne d’une opposition « laminée » et d’un scrutin vidé de toute substance démocratique. Pour Afrik.com, le pays s’enfonce dans une « nouvelle étape de sa marche autoritaire », rappelant que le CNL, principal parti d’opposition, avait été exclu de la compétition.

Des accusations de fraudes massives s’accumulent : votes multiples, bulletins pré-remplis, observateurs arrêtés. Un climat électoral délétère qui laisse peu de place au doute : le pluralisme politique burundais est en net recul.

À l’ouest du Kenya, la mort du blogueur Albert Ojwang suscite une vive indignation. Ce professeur et activiste connu pour son ton critique a été retrouvé sans vie dans sa cellule, quelques heures seulement après avoir été arrêté pour avoir critiqué un haut gradé de la police.

La version officielle ? Un suicide. Une explication immédiatement mise en doute. Le Monde Afrique dresse un tableau accablant : marques de strangulation, traumatismes, saignements… Autant de signes évoquant une mort violente, corroborés par les premiers examens médicaux.

Selon The Star, l’homme aurait d’abord été torturé dans une forêt avant d’être transféré inconscient au poste de police. Une thèse reprise par Jeune Afrique, qui souligne la persistance des violences policières dans un pays en proie à de nombreuses bavures.

En réponse, le Daily Nation annonce une grande veillée aux chandelles organisée ce vendredi par un syndicat d’enseignants. Un hommage mais aussi un cri de colère : pour Albert Ojwang, et pour toutes les victimes de la brutalité policière.

Une Afrique mobilisée, une Afrique muselée. Entre solidarité active pour la bande de Gaza, mascarades électorales et répression étatique, le continent témoigne une nouvelle fois de sa complexité. Une lutte sur plusieurs fronts, entre espoirs de justice et réalités implacables.

Article écrit par : Sophie Diop
Mis en ligne : 12/06/2025

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