Plus de six décennies après l’assassinat de Patrice Lumumba, figure emblématique de l’indépendance congolaise, la justice belge s’apprête à franchir une étape décisive. Ce mardi, le parquet fédéral a requis le renvoi de l’affaire devant le tribunal correctionnel, relançant une affaire qui continue de hanter l’histoire postcoloniale de la Belgique.
Les médias belges rapportent que cette demande vise à juger les faits sous la qualification de « crimes de guerre ». Les accusations portent notamment sur la détention et le transfert illicite d’un prisonnier de guerre, la privation du droit à un procès équitable ainsi que des traitements humiliants et dégradants infligés à Patrice Lumumba et à ses compagnons, Joseph Okito et Maurice Mpolo, exécutés avec lui le 17 janvier 1961.
Parmi les dix personnalités belges visées par une plainte déposée en 2011 par la famille de Patrice Lumumba, une seule est encore en vie : Étienne Davignon. Âgé aujourd’hui de 92 ans, l’ancien ministre d’État, diplomate et vice-président de la Commission européenne, pourrait être appelé à répondre devant la justice belge.
En 2001, une commission d’enquête parlementaire belge avait reconnu une « responsabilité morale » de certains membres du gouvernement belge dans les circonstances ayant conduit à la mort de Patrice Lumumba. Si la reconnaissance politique avait alors marqué un tournant symbolique, la voie judiciaire était restée en suspens jusqu’à la relance de la plainte par les proches de l’ancien Premier ministre congolais.
Patrice Lumumba, figure de proue de l’indépendance du Congo en 1960, reste un symbole de la lutte anticoloniale en Afrique. Son assassinat, survenu quelques mois après l’émancipation de l’ex-Congo belge, devenu par la suite Zaïre, puis République démocratique du Congo, continue de nourrir les tensions mémorielles entre Kinshasa et Bruxelles.
La justice belge devra désormais trancher : y a-t-il lieu d’ouvrir un procès pour ces faits commis il y a plus de soixante ans ? Une décision qui pourrait, au-delà du droit, ouvrir une nouvelle page dans le long processus de reconnaissance et de réparation historique.
Article écrit par : Mariama Ba
Mis en ligne : 17/06/2025
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