Dans une sortie surprenante, Seydina Oumar Touré compare Donald Trump, président des États-Unis pour un second mandat depuis janvier 2025, au parti sénégalais PASTEF. Selon lui, Trump incarnerait une forme de radicalisme politique au service du peuple, à l’image de PASTEF. Cette comparaison, aussi provocante que réductrice, pose un vrai problème. Car si rupture et contestation peuvent nourrir un engagement politique sincère, le modèle trumpien est tout sauf exemplaire. Et le brandir en référence, c’est témoigner d’une inquiétante pauvreté d’analyse.
PASTEF est né d’un rejet du système politique sénégalais traditionnel, avec une ambition de changement et une volonté de justice sociale. Il s’appuie sur un militantisme de terrain, une critique de la corruption et un appel à la souveraineté populaire. Donald Trump, lui, est un milliardaire populiste dont les discours, souvent agressifs et clivants, ont alimenté les divisions sociales aux États-Unis. Si certains points de rhétorique peuvent sembler convergents, la comparaison s’arrête là.
Faire de Donald Trump un modèle politique, c’est ignorer les nombreux aspects sombres de sa carrière : condamnations civiles pour agression sexuelle, déclarations racistes et xénophobes, attaques contre les institutions démocratiques américaines, et une politique étrangère fondée sur l’unilatéralisme brutal. Depuis son retour à la Maison Blanche, il a poursuivi cette ligne dure, intensifiant sa guerre contre les migrants, réduisant les engagements internationaux et défendant une vision conservatrice et rétrograde de l’Amérique.
Un président raciste, clivant et violent : Trump a défendu des thèses suprémacistes, nié l’importance de l’histoire de l’esclavage, et encouragé des politiques discriminatoires envers les minorités.
Un populisme vide de valeurs : Derrière son image d’homme anti-système, il a favorisé les ultra-riches, réduit les droits des plus vulnérables, et instrumentalisé la colère populaire à son profit.
Un mépris du droit et des institutions : Trump a tenté de renverser les résultats d’une élection démocratique, incité à l’insurrection le 6 janvier 2021, et n’a jamais reconnu la légitimité de ses opposants.
Une politique étrangère agressive et unilatérale : Suppression du droit du sol, menaces de déportations massives, arrêt du financement de l’OMS, soutien sans nuance à l’occupation israélienne la liste est longue.
Un modèle moralement et intellectuellement douteux : Lorsqu’un homme d’État nie les réalités scientifiques, falsifie l’histoire et bafoue les droits humains, il ne peut être un exemple à suivre.
Comparer Trump à Lula ou à Lech Wałęsa, comme le fait M. Touré, est un contresens. Lula, ancien ouvrier devenu président, a mis en place des politiques de redistribution. Wałęsa, leader syndical, a combattu une dictature communiste pour instaurer la démocratie. Aucun des deux n’a nié les droits humains, divisé leur peuple ou méprisé les institutions. Trump, en revanche, incarne une dérive autoritaire, démagogique et dangereuse.
Faire de Donald Trump un exemple pour le Sénégal est non seulement absurde, mais dangereux. Cela témoigne d’un manque cruel de culture politique et historique. Le combat pour la justice sociale et la souveraineté populaire ne peut se faire à coups de provocations, de haine raciale ou de mépris des plus faibles. Monsieur Touré, réviser ses modèles, c’est aussi faire preuve de responsabilité envers le peuple que l’on prétend vouloir servir. Le Sénégal mérite des leaders éclairés, pas des admirateurs mal informés de l’extrême droite américaine.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Franck Bara.
Mis en ligne : 19/06/2025
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