La récente rencontre entre la Première Dame du Sénégal, Absa Faye, et les représentants du Programme Alimentaire Mondial (PAM) et de l’UNICEF témoigne d’un engagement sincère et résolu en faveur des plus vulnérables : les femmes et les enfants. Dans un pays où les inégalités sociales persistent, cette démarche collaborative et humaine mérite d’être saluée.
Mais permettez-moi d’élargir ce plaidoyer à une catégorie souvent invisibilisée dans les discours officiels : les travailleuses domestiques. Ces femmes, présentes dans des milliers de foyers sénégalais, sont les piliers silencieux du quotidien familial. Pourtant, elles exercent dans l’ombre, sans reconnaissance juridique ni couverture sociale. Leur santé, leur sécurité et leur dignité sont régulièrement reléguées au second plan.
Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), le secteur du travail domestique au Sénégal emploie majoritairement des femmes, souvent issues de milieux ruraux, sans formation professionnelle et exposées à des abus multiples. Malgré la ratification de conventions internationales, la protection de ces travailleuses reste faible. L’État peine encore à faire appliquer la loi n°2009-52 du 30 décembre 2009 sur le Code général de la protection sociale, qui pourtant devrait leur offrir un filet de sécurité.
La démarche entreprise par la Première Dame, en synergie avec des institutions comme l’UNICEF et le PAM, est porteuse d’espoir. En plaçant les questions de santé, d’éducation et de nutrition au cœur des préoccupations, elle jette les bases d’un projet de société équitable. Intégrer les travailleuses domestiques dans ces politiques renforcerait non seulement leur pouvoir d’agir, mais aussi le tissu social sénégalais. Car elles sont elles aussi mères, femmes, éducatrices de l’ombre. Les inclure dans les programmes de santé communautaire, de formation et de couverture sociale est un levier fort de transformation sociale.
Des pays comme l’Uruguay et les Philippines ont montré la voie en instaurant des régimes de sécurité sociale spécifiques aux travailleuses domestiques, incluant santé, retraite et congés payés. En Afrique, le Cap-Vert a mis en place un système de protection pour ce secteur dès 2006. Le Sénégal a donc tout à gagner à s’inspirer de ces expériences réussies pour devenir un modèle de justice sociale.
Merci, Madame la Première Dame, pour votre volonté manifeste de faire avancer les droits des femmes et des enfants. Votre leadership peut être déterminant pour faire émerger une politique plus inclusive, qui ne laisse personne en marge. Le cercle de la solidarité doit s’ouvrir aux travailleuses domestiques. Ne les oublions pas. Elles méritent elles aussi d’être protégées, formées, soignées, valorisées.
Ensemble, donnons-leur une place digne dans le projet d’un Sénégal solidaire et équitable.
Article opinion écrit par le créatrice de contenu : Aminata Mané.
Mis en ligne : 20/06/2025
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