Lors d’une conférence régionale sur les 50 ans de la CEDEAO, organisée par l’Africajom Center, Aminata Touré, Mimi Touré a réaffirmé son engagement au service de la démocratie et de la justice sociale. Aux côtés de figures comme Abdoulaye Bathily et Mamadou Lamine Loum, elle a appelé à l’éradication de la pauvreté et au respect des droits humains dans la sous-région.
Pourtant, pendant que Mimi Touré agit, une certaine opinion s’acharne à réduire son mérite personnel, allant jusqu’à prétendre que c’est Macky Sall qui l’aurait « faite ». Ce récit paternaliste est non seulement erroné, mais surtout insultant pour l’intelligence collective.
Aminata Touré, ex-Première ministre du Sénégal et ancienne garde des Sceaux, est une figure politique de premier plan, connue pour son franc-parler et sa rigueur. Avant même l’accession de Macky Sall au pouvoir en 2012, elle jouait un rôle actif dans la scène publique sénégalaise. Militante de longue date pour les droits humains, elle a notamment occupé des postes stratégiques à l’ONU, démontrant une compétence reconnue à l’international. Pourtant, certains veulent réécrire l’histoire et lui refuser ce qui lui revient de droit : sa légitimité propre.
Il est essentiel de rappeler que Mimi Touré a quitté un poste prestigieux aux Nations Unies avec un salaire largement supérieur à celui des ministres sénégalais pour soutenir un opposant, Macky Sall, à une époque où sa victoire n’avait rien d’assuré. Ce choix, fait par conviction, démontre une indépendance intellectuelle et politique que beaucoup n’ont pas. Dès les années 1990, elle participait aux débats majeurs sur la gouvernance et la justice au Sénégal. À cette époque, Macky Sall n’était qu’un technicien peu connu du grand public.
Mimi Touré n’a jamais été la créature politique de qui que ce soit. Sa carrière, aussi bien nationale qu’internationale, prouve qu’elle n’a eu besoin de personne pour exister.
Elle s’est toujours positionnée sur des sujets cruciaux corruption, pauvreté, justice avec une constance rare dans la classe politique.
Elle a rompu avec Macky Sall quand la compromission devenait insoutenable, refusant un poste de présidente de l’Assemblée nationale pour dénoncer les dérives du régime.
À l’heure où Macky Sall appartient au passé, Mimi reste présente, utile, active. La conférence sur la CEDEAO en est la preuve la plus récente.
Dans d’autres contextes africains, des figures féminines comme Ellen Johnson Sirleaf au Liberia ou Ngozi Okonjo-Iweala au Nigeria n’ont jamais été perçues comme les « produits » d’un homme politique. Pourquoi devrait-on alors refuser à Mimi Touré ce même respect pour son mérite propre ? Le Sénégal, en tant que démocratie moderne, ne peut continuer à minimiser les parcours féminins autonomes.
Le temps est venu de dire les choses clairement : non, Macky Sall n’a pas « fait » Mimi Touré. Ils ont collaboré, puis leurs chemins se sont séparés, comme dans toute relation politique. Mais nier son parcours autonome, c’est faire insulte à son intelligence, à son engagement, et à l’histoire récente du Sénégal. Elle continue d’être une voix forte, une actrice politique crédible et une femme libre. Ceux qui tentent de la réduire à une émanation de Macky ne font que projeter leur propre dépendance politique.
Le débat public ne peut se contenter de raccourcis misogynes. Reconnaissons la valeur de nos leaders féminins sans les enchaîner aux figures masculines du passé. Mimi n’a pas besoin de Macky pour exister elle l’a prouvé, elle le prouve encore.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Eve Sagna.
Mis en ligne : 20/06/2025
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