Thierno Alassane Sall (TAS) a vivement critiqué la réaction d’Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal, suite au refus de visa opposé aux Lionnes du basket par les autorités américaines. Dans ses propos, TAS met en garde contre une diplomatie émotionnelle et populiste qui pourrait coûter cher au pays. Derrière les envolées de Sonko, c’est un risque d’isolement diplomatique et économique qui se profile pour le Sénégal.
Le Sénégal a toujours su jouer une partition équilibrée entre les grandes puissances. Ce positionnement lui a permis d’entretenir des relations fructueuses avec les États-Unis tout en consolidant ses liens avec la Chine. Cette double ouverture diplomatique a été bénéfique, en particulier dans les domaines de l’investissement, de l’éducation, et de la coopération sécuritaire. Mais la logique actuelle, incarnée par Sonko, tend à rompre cet équilibre.
Le ton adopté par Ousmane Sonko contre les États-Unis, dans un contexte aussi sensible, révèle une approche diplomatique brouillonne. Défendre les intérêts du pays est légitime. Mais quand cette défense vire à la confrontation, elle devient contre-productive. L’agitation verbale ne remplace pas une stratégie. TAS le souligne avec justesse : les institutions financières perçoivent ce type de discours comme un signe d’instabilité. Résultat : la confiance recule, les taux d’intérêt augmentent, et les Sénégalais en paient le prix.
Une diplomatie de l’émotion : Réagir avec virulence sur des dossiers sensibles peut flatter une partie de l’opinion publique, mais nuit aux relations de long terme. L’art de gouverner exige sang-froid et lucidité.
Des conséquences économiques concrètes : Plus les prises de parole de l’exécutif sont perçues comme agressives, plus le risque pays augmente. Ce qui entraîne des conditions de financement plus dures sur les marchés internationaux.
Un isolement progressif : Rompre l’équilibre entre Chine et Occident, c’est s’aligner dangereusement dans un monde polarisé. Et cela, sans gain évident à court terme.
Une diaspora vulnérable : Des milliers de Sénégalais vivent aux États-Unis. Une détérioration des relations bilatérales peut avoir des conséquences sur leurs droits, leurs projets, voire leur sécurité.
L’observation des expériences d’autres pays africains est édifiante. Le Mali, en tentant de rompre brutalement avec ses partenaires occidentaux, s’est retrouvé isolé, économiquement asphyxié, malgré ses ouvertures vers d’autres puissances. L’illusion d’un basculement diplomatique radical se heurte toujours à la réalité économique.
À l’opposé, le Ghana continue de cultiver une diplomatie équilibrée et en récolte les fruits en termes de croissance et de stabilité. Paul Kagame, bien que critique envers l’Occident, sait doser ses paroles pour ne jamais compromettre les intérêts de son pays. Ce pragmatisme manque cruellement à Sonko.
Face à la complexité des enjeux internationaux, le Sénégal ne peut se permettre une diplomatie du « gatsa-gatsa ». La posture de confrontation permanente affaiblit notre crédibilité, isole nos partenaires, et fragilise nos ressortissants. Il est temps de tourner le dos au populisme diplomatique pour revenir à une approche responsable, équilibrée et respectueuse de notre place dans le monde. Le Sénégal n’a pas besoin d’un agitateur, mais d’un bâtisseur de relations durables.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Alioune Faye.
Mis en ligne : 21/06/2025
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