Le débat enfle autour de la non-nomination de Bassirou Diomaye Faye à la présidence tournante de la CEDEAO. Selon Badara Pouye, fonctionnaire de l’organisation, le président sénégalais n’a jamais sollicité ce poste, et aurait même décliné la proposition pour respecter l’ordre alphabétique. Voilà donc, à en croire ses soutiens, un acte de grandeur, un geste de respect des règles.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : derrière cette prétendue élégance se cache une dangereuse distraction de l’essentiel. Diomaye Faye n’a rien à faire dans des jeux d’influence régionaux pendant que la situation au Sénégal est chaotique.
Le Sénégal traverse une crise sociale et économique profonde. Le panier de la ménagère est vide, les jeunes crient à l’abandon, les agriculteurs manquent d’intrants, les enseignants grondent, les hôpitaux manquent de matériel, et l’eau potable devient un luxe dans plusieurs régions. Comment justifier, dans un tel contexte, que le président se préoccupe de son image dans les salons feutrés de la CEDEAO ? Qu’il y soit « respecté » ou « sollicité » est secondaire. Ce que le peuple attend de lui, c’est de gouverner ici, maintenant, et avec fermeté.
La CEDEAO elle-même est en crise. Son image est écornée, minée par l’inefficacité, les divisions, et l’incapacité à prévenir les putschs ou les tensions entre États. La quitter, comme l’ont fait certains, ou la réformer en profondeur, serait un chantier stratégique. Mais y chercher un rôle de premier plan dans un tel marasme ? C’est s’enfoncer avec le navire. Diomaye Faye devrait se méfier de cette illusion d’influence régionale qui détourne du terrain national.
Il ne s’agit pas d’un caprice nationaliste. Il s’agit de survie politique et sociale. Au Mali, Assimi Goïta a compris qu’il lui fallait d’abord restaurer la souveraineté intérieure avant de jouer le jeu des organisations régionales. Même Macky Sall, dans ses premières années, avait limité ses ambitions extérieures pour se concentrer sur les réformes de base.
Diomaye Faye veut-il incarner une nouvelle gouvernance ? Qu’il commence par répondre aux attentes des siens. L’élégance n’a jamais rempli un frigo, ni évité une émeute. Respecter l’ordre alphabétique de la CEDEAO, c’est bien. Respecter les souffrances du peuple sénégalais, c’est mieux.
Nous demandons solennellement au Président Diomaye Faye de se recentrer. Le Sénégal n’a pas besoin d’un champion de la diplomatie régionale. Il a besoin d’un chef, d’un bâtisseur, d’un homme d’action enraciné dans les réalités de Rufisque, de Matam, de Bignona, de Dakar. Monsieur le Président, le peuple vous regarde. Reprenez le cap. Chez nous, et pour nous.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Oumar Mbodj.
Mis en ligne : 23/06/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.