Le rapport d’exécution budgétaire pour le premier trimestre 2025, fraîchement publié par le ministère des Finances, jette une lumière crue sur la réalité des dépenses de l’État sénégalais. Annoncé en grande pompe comme un gouvernement de rupture, celui d’Ousmane Sonko avait promis de mettre un terme au gaspillage des ressources publiques. Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes : les vieilles pratiques persistent, et la gestion budgétaire continue d’être marquée par l’opacité, la surconsommation et une inefficacité notoire.
Dès sa nomination à la primature, Ousmane Sonko s’était voulu le chantre d’un État rigoureux, économe et responsable. Il avait dénoncé à maintes reprises les dépenses somptuaires et les gaspillages qui minent l’administration sénégalaise. Mais au vu du rapport du premier trimestre 2025, force est de constater que cette posture relève plus du discours de façade que d’une véritable volonté de changement.
Comment justifier que la seule facture d’eau de l’administration centrale atteigne les 19,4 milliards de francs CFA en trois mois ? Faut-il comprendre que des milliers de robinets coulent sans discontinuer dans les ministères ou que les gestionnaires ne voient aucune urgence à rationnaliser la consommation ? Ce chiffre seul est une gifle à tous les Sénégalais qui peinent à accéder à l’eau potable.
Le rapport mentionne aussi une pluie de subventions : 6 milliards à La Poste, entreprise en difficulté chronique, 5 milliards au TER, un projet qui a déjà englouti des centaines de milliards sans résoudre la question de la mobilité urbaine. Quant à l’enseignement supérieur, il absorbe une enveloppe colossale : 45,7 milliards pour les bourses, 30,3 milliards pour les œuvres universitaires, 52,1 milliards pour les instituts. Une dépense massive qui, malheureusement, ne se traduit pas en amélioration réelle des conditions de vie des étudiants ni en qualité académique.
Plus grave encore, les 176 organismes publics du secteur parapublic, dont la pertinence est souvent discutable, mobilisent plus de 2 140 milliards de francs CFA, tout en traînant une dette abyssale de 792,88 milliards. Le personnel de ces structures a coûté 75 milliards, et le fonctionnement, 258,8 milliards, sur une période de seulement trois mois ! Voilà un gouffre financier que même les meilleures intentions ne sauraient justifier.
D’autres pays africains, à l’image du Rwanda ou du Ghana, ont su imposer des mesures drastiques de réduction du train de vie de l’État. Le Rwanda, par exemple, a réduit drastiquement les frais de fonctionnement de ses agences publiques et supprimé les doublons administratifs, permettant une réaffectation stratégique des ressources vers les secteurs prioritaires. Le Sénégal, lui, semble incapable de sortir de cette logique de l’État ventru et inefficace.
Ce rapport prouve que le changement tant espéré ne viendra pas par des discours mais par des actes concrets, courageux, et parfois douloureux. Tant que des structures publiques inutiles seront maintenues en vie à coups de milliards, tant que les factures d’eau et d’électricité continueront à ruiner le budget national, la parole gouvernementale n’aura aucun poids.
Les chiffres sont implacables : loin d’amorcer une rupture, le gouvernement Sonko semble s’enliser dans les mêmes travers que ses prédécesseurs. Les dépenses restent excessives, les gaspillages criants, et la gouvernance budgétaire manque cruellement de rigueur. Le peuple sénégalais mérite mieux qu’un changement cosmétique. Il faut que les promesses se traduisent en actes. Et si ce gouvernement ne peut ou ne veut le faire, alors il appartient au peuple de lui en rappeler l’urgence.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Aziz Thioune.
Mis en ligne : 24/06/2025
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