La mort du casque bleu zambien Stephen Muloké Sachachoma, tué lors d’une attaque armée en République centrafricaine (RCA) par un groupe soudanais, rappelle l’impuissance de l’ONU face aux conflits qu’elle prétend apaiser.
Ce drame, survenu dans le village frontalier d’Am-Sissia, marque la troisième attaque dirigée contre la Mission des Nations Unies en Centrafrique (Minusca) depuis le début de l’année.
Depuis le déclenchement de la crise centrafricaine en 2013, la Mission de l’Onu en Centrafrique, censée garantir la protection des civils et appuyer le processus de paix, semble tourner en rond, coincée entre un mandat flou et une situation sécuritaire qui se détériore. Malgré la présence de milliers de soldats venus des quatre coins du monde, les groupes armés continuent de prospérer, de semer la terreur, et pire encore, de s’en prendre directement aux casques bleus eux-mêmes.
Stephen Muloké Sachachoma n’est pas la première victime de cette mission, et probablement pas la dernière. Que vaut un mandat de paix qui n’offre pas même une sécurité minimale à ceux qui le portent ? Les Nations Unies déploient des hommes et des femmes dans des contextes où le risque de mort est devenu quotidien, sans les doter des ressources, du soutien ou des capacités nécessaires pour répondre aux menaces. Une armée sous-financée, sous-équipée, avec des règles d’engagement restrictives, ne peut tenir tête à des milices armées jusqu’aux dents et déterminées à faire échouer toute initiative de paix.
Cette situation n’est pas unique à la RCA. En République démocratique du Congo, la Monusco, présente depuis plus de vingt ans, est tout autant critiquée pour son inefficacité. Au Mali, la Minusma a récemment été contrainte de se retirer, incapable de faire face à la montée des violences. Partout, le schéma se répète : des soldats de la paix transformés en cibles, des civils toujours en danger, et une communauté internationale impuissante à enrayer le chaos qu’elle est censée maîtriser.
Continuer à envoyer des casques bleus au sacrifice sans stratégie claire ni moyens adéquats est non seulement irresponsable, mais immoral. L’ONU ne peut plus se contenter de condamner ces attaques et d’appeler à la justice internationale pendant que les familles des victimes pleurent et que les populations locales perdent espoir.
Le Conseil de sécurité doit revoir le fonctionnement des opérations de maintien de la paix. Cela passe par des mandats robustes, une logistique modernisée, une coordination réelle avec les forces locales et une volonté politique forte de désarmer les groupes rebelles. À défaut, ces missions continueront d’être de simples vitrines humanitaires dans un théâtre de guerre sans fin.
Le décès de Stephen Muloké Sachachoma n’est pas qu’un fait divers. C’est le symbole d’un système à bout de souffle. Pour honorer sa mémoire et celle de tous ceux tombés sous le drapeau bleu, exigeons des actions concrètes et un changement de cap. La paix ne se proclame pas : elle se construit avec courage, cohérence et engagement.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Sokhna Astou.
Mis en ligne : 25/06/2025
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