Des entreprises locales écartées du projet : Restauration de l’île de Saint-Louis  - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Business | Par Eva | Publié le 25/06/2025 11:06:20

Des entreprises locales écartées du projet : Restauration de l’île de Saint-Louis 

L’annonce de l’attribution des travaux de restauration de l’île de Saint-Louis au groupe français NGE, par l’Agence nationale chargée de la Promotion des Investissements et des Grands Travaux du Sénégal (APIX), a été saluée par certains comme un signe de développement. Ce projet inclut la construction d’un village de Saint-Louis, la requalification de la place Baya Ndar et l’avenue Mermoz.

Pourtant, derrière l’emballage et les mots rassurants, se cache une réalité : une fois de plus, les véritables bénéficiaires de ces investissements ne sont pas les Sénégalais, mais des multinationales étrangères.

Saint-Louis, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, est sans aucun doute un site à protéger. Mais à quel prix et pour qui ? La restauration de l’île de Saint-Louis est une démarche louable, mais lorsqu’elle se fait au détriment de l’économie locale, elle devient problématique. L’attribution de ce projet à une entreprise française s’inscrit dans une tendance bien trop répandue au Sénégal : celle de confier les grands contrats d’infrastructure à des groupes étrangers, souvent sans réelle implication durable des acteurs nationaux.

Dans la plupart des cas, les emplois générés par ces projets sont précaires et de courte durée. La main-d’œuvre locale est souvent cantonnée aux tâches subalternes, tandis que les postes techniques, de supervision ou d’ingénierie restent entre les mains d’expatriés. Ce déséquilibre empêche la transmission des compétences et freine l’autonomisation des professionnels locaux. Une étude de la Banque mondiale souligne d’ailleurs que les grands travaux d’infrastructure en Afrique subsaharienne profitent trop peu aux PME locales et à l’emploi qualifié.

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Il ne suffit pas de faire appel à des entreprises étrangères sous prétexte d’efficacité ou de fiabilité. Le Sénégal regorge de talents dans le secteur du BTP, mais ces derniers manquent d’opportunités pour se structurer et grandir. En confiant les projets d’envergure à des groupes internationaux, l’État affaiblit l’écosystème économique national et empêche l’émergence d’un tissu entrepreneurial solide et autonome. À titre de comparaison, des pays comme le Rwanda ou le Ghana ont mis en place des politiques de préférence nationale qui conditionnent l’attribution de certains marchés publics à des entreprises locales ou à des consortiums mixtes.

Il ne s’agit pas de rejeter toute collaboration internationale, mais de poser les bonnes priorités : les bénéfices économiques des projets d’aménagement doivent être redistribués localement, sous forme d’emplois durables, de formation, et de renforcement des capacités des entreprises sénégalaises.

Le Sénégal ne peut pas se contenter de spectateurs dans les grands chantiers qui façonnent son avenir. Le temps est venu de bâtir le pays avec ses propres bras et ses propres cerveaux.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Salamata Gaye.
Mis en ligne : 25/06/2025

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Ibou
c'est pas nouveau dans ce pays
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